Après avoir loupé la Coupe du monde en Australie, et quelques jours seulement après le titre de championne de France avec l’ASVEL, Sandrine Gruda (1,93 m, 35 ans) est de retour en équipe de France à la conquête de l’EuroBasket (15-25 juin en Slovénie). Top départ de la préparation ce jeudi à l’INSEP, sans sa coéquipière Marine Johannès, en conflit avec la fédération.
Vous n’aviez pas disputé la Coupe du monde en Australie. On imagine que retrouver l’INSEP et l’équipe de France vous avait manqué ?
« Pour être honnête, pas vraiment. Je sors tout juste d’une finale de Ligue Féminine il y a 2-3 jours donc c’est la fatigue qui prédomine. La compétition ne me manque pas mais ça fait toujours plaisir de retrouver des visages familiers, bien sûr.
Marine Johannès fait partie des visages familiers qui ne sont pas là. Quel est votre sentiment sur son absence ?
Marine, c’est l’une de mes coéquipières à l’ASVEL. Je joue avec elle toute l’année. C’est une situation assez particulière. Les deux parties ont leurs raisons, elles sont justes, aussi bien pour Marine qui veut s’assurer un pied en WNBA que pour l’équipe de France qui a la volonté de construire un groupe très tôt, avec ses joueuses phares. Je respecte les choix de chacun. Tout est audible.
Chez les garçons, il y a des passes droits au niveau du calendrier, ce n’est pas le cas avec Marine Johannès… Est-ce embêtant ?
C’est un choix qu’ils (les dirigeants de la fédération) font et qu’on doit accepter. Pour moi, c’est pareil. J’aurais préféré me reposer quelques jours avant de reprendre l’entraînement et de rejoindre ce groupe. Mais ma demande a été refusée, c’est ainsi, j’ai accepté la direction prise.
À la place de la fédération, auriez-vous pris la même décision concernant Marine (Johannès) ?
Sans jugement, car je respecte et accepte les décisions prises, j’aurais laissé Marine partir une semaine et je l’aurais reprise juste après.
Et en tant que sélectionneur, ça serait toujours mieux avec elle que sans ?
Pour moi, l’idée est d’avoir toutes les joueuses potentielles, toutes les forces en vigueur possibles ici dans un même lieu pour faire un choix en connaissance de cause. Mais je comprends aussi le positionnement d’Aimé Toupane (sélectionneur) qui a une préparation courte et qui a besoin de construire un groupe, faire un choix clair. Il y a des enjeux, c’est un championnat d’Europe. Il a besoin de s’entrainer avec nous pour préparer au mieux cette compétition. Franchement, je comprends les deux parties, aussi bien la joueuse que le staff, il n’y a pas de problème.
Pour vous, ce n’est pas un sujet. Des absences, il y en a eu dans toutes les campagnes…
Tout à fait. Comme je l’ai dit, je joue avec Marine (Johannès) à l’ASVEL donc j’étais au courant de tout ce qu’il se passait pratiquement en instantané.
"Les absences peuvent aussi être une source de motivation supplémentaire"
Avez-vous espoir que les passes droits pour les garçons plutôt que les filles évoluent ?
Il y a bien des domaines où j’aimerais que ça évolue, et ce type d’inégalité, ce n’est pas forcément dans mon top 3. Des inégalités, il y en a plein. Ce ne serait pas ma priorité…
L’absence de Gabby Williams pèse-t-elle sur les ambitions de l’équipe de France ?
Il faut poser cette question au coach. Gabby est une de mes coéquipières à l’ASVEL mais, vous savez, les absences ou les absentes peuvent aussi être une source de motivation, d’énergie supplémentaire. C’était le cas sur cette finale (de Ligue Féminine) avec l’ASVEL. Il faut aussi voir le côté positif. N’oublions pas, on doit défendre les couleurs de l’équipe de France, c’est ce qu’on va s’atteler à faire.
Avec Valériane Vukosavljevic, sentez-vous que vous avez un rôle à jouer sur le terrain mais aussi dans la vie de groupe ?
Oui, bien sûr, j’ai un rôle de leader dans ce groupe, comme d’autres filles. Notre positionnement sera important.
Vous avez suivi la Coupe du monde depuis votre canapé. Quel est votre regard sur cette énergie insufflée dans cette nouvelle équipe de France ?
À distance, il y avait une belle énergie. Tout le monde veut donner le meilleur de soi-même. C’est super. »
À l’INSEP (Paris).
Photo : Sandrine Gruda (FIBA)