Il est le centre d’attention populaire et médiatique de la saison de Betclic Elite. Mais pour les joueurs français du All-Star Game, c’est aussi un moment privilégié d’avoir pour un soir Victor Wembanyama comme co-équipier.
Les journalistes sont – presque – tous venus pour faire un sujet sur lui. Les questions fusent, mais dans une conférence de presse collective à trois ou quatre joueurs, il n’y a pas le temps de s’épancher. Victor Wembanyama répond par des phrases courtes, un tantinet frustrantes.
Le All-Star Game, est-ce une étape pour lui dans la saison ?
« Je n’y pensais pas vraiment mais on va dire qu’en dehors de gagner des matches et de performer, c’était prévisible. »
Son objectif au concours de trois-points ?
« Comme tout concours, l’objectif c’est de gagner. En tant que shooteur, c’est l’occasion de se mettre un challenge. »
Ses adversaires, Nando De Colo, Gauthier Denis et Nicolas Lang ?
« Je sais que je suis en bonne compagnie. Ce sont des joueurs plus expérimentés que moi. Ça sera intéressant. »
En a-t-il déjà fait, des concours à trois-points ?
« Jamais ! »
Ses objectifs sur le match ? Par exemple un record de contres ?
« Non, pas du tout. Je suis focus sur la saison avec Levallois. Je n’ai pas d’objectif pour ce match à part la victoire. »
Va-t-il chercher à faire le spectacle ?
« Bien sûr, je vais chercher à m’amuser, mais je n’ai pas envie de tomber dans un match seulement de spectacle. Je vais bien m’échauffer, je vais faire des passes et on verra. »
La façon dont il vit l’énorme attention qu’il suscite ?
« Ça n’a pas d’impact sur moi. Comme je le disais, je suis focus sur la saison. »
Finalement, là où il va être le plus disert – c’est relatif – c’est quand une consoeur lui pose une question un peu décalée : de quelle façon apprivoise-t-il son corps hors normes ?
« Avec les années, on a de plus en plus d’automatismes par rapport à ça. C’est une prise de conscience le plus tôt possible qui amène à connaître son corps et savoir ce qui est mieux pour soi. C’est beaucoup de volonté de faire les choses de la bonne manière pas toujours en étant conseillé car très peu de gens savent ce que c’est d’avoir un physique atypique. »
Finalement, en cette veille de All-Star Game, ce sont ses équipiers d’un jour qui sont les plus prolixes à son sujet :
« On a commencé à parler de zone avec lui au milieu ! C’est vrai qu’en championnat, c’est chiant d’être contre lui car il dissuade beaucoup », rigole le Palois Giovan Oniangue. « C’est mieux de l’avoir avec que contre nous, » confirme le Burgien Hugo Benitez. « Je me souviens d’un match contre nous où il était avec (Youssoupha) Fall qui était en 5 et lui en 4. C’était compliqué d’aller marquer des paniers dans la raquette même si on passait notre joueur. Tout le monde a pu voir ce qu’il peut proposer que ce soit en attaque ou en défense. C’est un plaisir de jouer avec lui pour tenter de faire un bon match et de le gagner. »
« Victor, on va le servir ! On va tout faire pour le mettre encore plus en lumière, » promet le Nancéien Stéphane Gombauld. « Même si c’est un All-Star, je pense qu’il va mettre pas mal de contres et ça va nous aider dans notre raquette étant donné que l’on a aussi Ismaël (Kamagate) à ses côtés. Avoir deux tours comme ça dans la même équipe, je crois qu’ils vont réfléchir deux fois avant d’entrer dans la raquette », anticipe le Parisien Juhann Begarin.
« On pourra dire plus tard que l’on a côtoyé une licorne et je souhaite qu’il fasse la plus grande carrière possible »
Le Limougeaud Nicolas Lang a déjà vécu une expérience en immersion. « On l’a eu en équipe de France au mois de novembre et c’est vrai que c’est plus facile de défendre. En fait, tu te dis que tu aurais pu être un bon défenseur toute ta carrière s’il avait été avec toi. Et en attaque, tu as d’énormes solutions. Après, c’est un All-Star et il n’y aura peut-être pas la même défense qu’en équipe de France, mais avoir quelqu’un qui te couvre tout le temps comme ça, c’est rassurant. »
Les joueurs sont ravis de sa présence dans l’équipe française et aussi de l’impact qu’il a sur l’évènement dont la médiatisation est boostée. « C’est très bien ce qui se passe pour le basket français », savoure Giovan Oniangue. « Ça amène beaucoup de visibilité au championnat. On sait que la NBA regarde beaucoup Victor. Ça permet aussi de voir le championnat, comment il évolue. On sait qu’en dehors de lui, il y a des joueurs comme Mike James, Elie (Okobo). On est content de voir un joueur français qui brille autant que Victor. On espère qu’il va continuer ainsi. Ce n’est que du bonus d’être au All-Star Game avec lui. On sait aussi que le public est venu le voir une dernière fois avant qu’il parte aux Etats-Unis. On espère qu’il va faire un bon All-Star Game et qu’il va laisser une belle image auprès du public qui nous regarde. »
Le coach de Denain, Francois Sence, est le représentant de la Pro B et il vit un moment majeur dans sa carrière : « Quand j’ai eu la sélection, sur 80 % des messages que j’ai reçu, c’était « tu as de la chance, tu es avec l’équipe de France et tu vas pouvoir jouer avec Victor ». On appelle ça une licorne aux Etats-Unis, un joueur de cette taille capable de faire ce qu’il fait sur le terrain, c’est impressionnant et ça ouvre des perspectives quasi illimitées. Ce qui m’impressionne vraiment chez Victor, c’est le calme qu’il a malgré toutes les sollicitations. Je n’ai passé qu’une demi-journée avec lui et on se rend compte qu’il y a un engouement énorme et qu’il garde la tête froide. Ce qui m’impressionne aussi chez lui, c’est la sérénité, la confiance qu’il donne à ses coéquipiers. On pourra dire plus tard que l’on a côtoyé une licorne et je souhaite qu’il fasse la plus grande carrière possible. »
Nicolas Lang, apprécié par les médias pour la pertinence de ses analyses, ajoute : « Pour moi, c’est que du positif. C’est quelqu’un qui est capable de gérer ça. Si j’avais eu ça à son âge autour de moi, je ne sais pas comment j’aurais géré ça. Ça doit être troublant quand tes idoles disent que tu es un Alien, que tu ceci et cela. J’ai rencontré ses parents, ce sont des gens très intelligents. Et pour l’avoir côtoyé à la fenêtre de novembre, c’est quelqu’un de très intelligent aussi. Il le vit très bien, il le gère très bien et j’espère que ça va continuer longtemps. »
Photo d’ouverture : Victor Wembanyama, Boris Dallo et Williams Narace.