Au-delà de sa récente réussite sportive depuis l’arrivée de Vincent Collet à la tête de l’équipe, la SIG s’est considérablement étoffée dans le domaine du digital sous la présidence de Martial Bellon. L’efficacité de son site et de ses réseaux sociaux est devenue exemplaire.
Dossier en deux parties.
C’est en juin 2013 que l’ancien meneur international Aymeric Jeanneau a pris sa retraite sportive mais il est demeuré au sein de la SIG où il avait séjourné, en deux fois, cinq saisons. Il a observé le club de l’intérieur, effectué une sorte d’audit, afin de proposer à son directoire une création de poste pour accélérer son développement. Un projet qui était en phase avec les idées du président Martial Bellon arrivé à la SIG en 2010. Aymeric Jeanneau est ainsi devenu le manager général du développement, ce qui intègre le commercial, le marketing, la communication, le digital et encore le ticketing, tout en assistant le président sur le dossier de la future Arena. Jérôme Rosenthiel étant le manager des opérations sportives et de la gestion administrative. La SIG de 2017, c’est douze permanents hors le secteur sportif, qui comprend les joueurs, trois coaches à plein temps (Vincent Collet, Lassi Tuovi, Lauriane Dolt), un à temps partiel et le kiné.
« Le trick shot challenge, sorte de panier le plus dingue, entre Erving Walker et A.J. Saughter a récolté ainsi plus de 80 000 vues »
Jusque là, le site était entre les mains de stagiaires qui faisaient de la création graphique, d’un community manager bénévole et de Jean-Claude Frey, ancien rédacteur en chef adjoint des Dernières Nouvelles d’Alsace, qui à ce titre a notamment longtemps suivi la SIG et l’équipe de France, et qui demeure aujourd’hui la pièce centrale de ce dispositif.
« Martial a pris point par point et vu là où on pouvait développer. Le digital a été quelque chose sur lequel on a mis l’accent. Après on a été trouver les personnes qu’il fallait, ne pas continuer avec celles qu’il ne fallait pas. C’était les points faibles du club et on a beaucoup travaillé sur les trois dernières années », indique Aymeric Jeanneau.
De fait, sur la période, quatre versions différentes de sigstrasbourg.fr sont apparues –la dernière date de fin décembre-, le club a changé de prestataire technique, enrichi son contenu, et développé son impact sur les réseaux sociaux. Les apports de Dominique Wendling, un ancien journaliste des DNA lui aussi, membre du directoire, qui est rentré dans le pôle communication, et de Sophie Assoumani de la société Good Way, une autre fan de basket responsable des réseaux sociaux, ont été bénéfiques comme celui de Franklin Tellier, une encyclopédie de la SIG, en charge notamment des vidéos –désormais l’une des marques de fabrique du site-, dont il assure les scénarios, les prises de vue et les montages.
Franklin Tellier a ainsi fêté le 200e match de Louis Campbell à la SIG avec une vidéo où apparaissaient par surprise ses enfants comme le 500e de Vincent Collet. Le trick shot challenge, sorte de panier le plus dingue, entre Erving Walker et A.J. Saughter a récolté ainsi plus de 80 000 vues. Récemment, la vidéo où Martial Bellon annonce la re-signature du coach des Bleus pour trois ans a également fait un tabac.
« La saison dernière le club a fait 72 matches et je les ai pratiquement tous fait en avant papier et en compte-rendu »
Ce qui différencie le site strasbourgeois de la majorité des autres de Pro A, c’est la qualité du contenu rédactionnel et c’est là où le rôle de Jean-Claude Frey est primordial. Les matches et les conférences de presse sont ainsi relatés à la fois vite et très bien.
« Je fais ça de façon très journalistique comme j’ai toujours fait », commente Jean-Claude Frey. « Quand j’entre en conférence de presse, le papier du match est en ligne. Derrière je suis la conférence et je la publie une demi-heure après la fin. J’ai de très bons retours. Même s’ils ont été au match, les gens sont accros aux déclas des joueurs et de Collet. On est repris régulièrement un peu partout et c’est fait pour ça. »
Le sexagénaire ne compte pas son temps mais a quand même mis la pédale douce en ce qui concerne les déplacements.
« Je les faisais l’année dernière. Je suis semi bénévole et un peu atteint par la limite d’âge. La saison dernière le club a fait 72 matches et je les ai pratiquement tous fait en avant papier et en compte-rendu. Quand je n’étais pas sur place, il y avait la télé, et quand elle n’était pas là, je pouvais suivre les matches grâce au système K-Motion avec une caméra fixe car chaque club a cinq codes d’accès. Il n’y a pas de commentaires mais je vois les actions et avec le live de la LNB, j’ai largement de quoi faire. Et sur certains déplacements, Régis Schneider (NDLR : le journaliste des DNA qui suit la SIG) me fournit la bande-son de la conférence de presse. Egalement, l’année dernière, pour un gros match, j’appelais Vincent une demi-heure après la conf. »
« Si on n’avait pas fait tout ça, on ne serait pas à 5 800 spectateurs de moyenne »
Même s’il y avait eu ce titre de champion de France en 2005 sous l’ère Eric Girard-Ricardo Greer, la SIG était un club appartenant au « gros peloton » de la Pro A. La venue de Vincent Collet lui a donné un formidable coup de booster sportif avec un remarquable tir groupé de quatre finales des playoffs –on le sait, infructueuses- et une finale d’EuroCup, ce qui à l’époque moderne est presque surnaturelle pour une équipe française. La notoriété de Strasbourg a été grandissante ces dernières années, le nombre de ventes important des hebdos spécialisés dans le Bas-Rhin –deuxième département derrière la Haute-Vienne- en étant une preuve comme une autre. L’accroissement de l’impact des réseaux sociaux du club a été concomitant. Sans savoir qui est l’œuf et qui est la poule. Pour prendre conscience de son ampleur, il suffit d’avoir connaissance des chiffres qui seront proposés dans la deuxième partie de cet article.
« Sans les résultats sportifs que l’on a eus, on n’aurait peut-être pas eu cette obligation d’être à ce niveau. Il y a les obligations demandées par la ligue, l’Euroleague, la Basketball Champions League auxquelles il faut répondre. Je peux le dire puisque je ne suis pas Alsacien : quand en Alsace on fait quelque chose, ce n’est pas à moitié. Et parallèlement les résultats sportifs prennent de la valeur si derrière il y a un suivi. Si on n’avait pas fait tout ça, on ne serait pas à 5 800 spectateurs de moyenne », estime Aymeric Jeanneau.
« C’est Sophie Assoumani qui est en charge des réseaux sociaux », complète Jean-Claude Frey. « Elle fait du Périscope en direct sur la page facebook. Elle twitte pratiquement toutes les deux actions durant les matches, elle retwitte tout ce qui concerne la SIG un peu partout. On essaye d’être toujours plus interactif avec les fans. Même si l’année dernière, c’était difficile car ils étaient tout le temps par monts et par vaux, on fait venir des fans à des entraînements ouverts, ils ont posé des questions à Vincent Collet et à Martial Bellon, on leur a permis de rencontrer Jeremy Leloup. »
« La période Dettmann a été assez douloureuse et a entraîné énormément de boulot de modération.
Outre le fait d’être le deuxième club de Pro A sur twitter derrière l’inévitable Limoges CSP, et le troisième sur facebook, la SIG a été surprise et heureuse d’apprendre qu’elle figure en cinquième position des clubs de Basketball Champions League les plus suivis sur les réseaux sociaux derrière le Partizan Belgrade, le Besiktas Istanbul –tous les deux loin devant-, le Dinamo Sassari et le Pinar Karsiyaka.
« Sophie regarde partout ce qui se fait », informe Aymeric Jeanneau. « Il ne faut pas s’arrêter à ce que l’on fait nous, il y a plein d’idées à prendre partout. Notamment pour les campagne d’abonnement. On s’inspire… et parfois ça ne marche pas. »
Les réseaux sociaux ont révolutionné les rapports entre les fans d’un côté, les clubs et les joueurs de l’autre, en permettant une interactivité inimaginable avec les autres supports et rendant périmés les courriers des lecteurs de la presse écrite comme les divers encarts publicitaires. Ils ont aussi leurs inconvénients et les mauvais résultats sportifs en début de saison ont entraîné quelques dérapages.
« Il y a à boire et à manger, » résume Jean-Claude Frey. « La période Dettmann a été assez douloureuse et a entraîné énormément de boulot de modération. Les gens étaient extrêmement violents comme ils peuvent parfois l’être sur les réseaux sociaux. Il a fallu éliminer des commentaires. Ça n’a peut-être pas suivi au niveau des résultats mais Henrik Dettmann ne méritait pas le traitement qu’il a eu. Ce n’était pas évident en terme d’image pour le club. »
A suivre