Trashtalking avec Kevin Garnett et Gary Payton, file d’attente au Mc Donald’s du village olympique, un repas avec Mohamed Ali et Carl Lewis… Les vice-champions olympiques 2000 nous racontent leurs plus belles anecdotes de cette aventure en Australie.
Yann Bonato : « Sydney 2000, c’est l’aventure d’une bande de copains qui a écrit une belle page de l’histoire du basket français ensemble. Ça faisait six – huit ans qu’on était ensemble et cette médaille était l’accomplissement d’une génération. Après ma blessure contre le Canada, j’avais été gentiment renvoyé en France sur une chaise roulante. Pour la finale, j’avais été invité par Canal+ pour commenter le match en direct, ce qui m’avait permis de participer un peu quand même. On a fait une très belle finale, à l’image de notre deuxième semaine. Devant la télé, je ne l’ai pas vécu comme une frustration car l’équipe était bien en place et je n’ai pas le sentiment que j’aurais pu apporter plus que ce que les gars ont fait. C’était la fin de mon histoire avec les Bleus, je l’ai vécu comme un beau clap de fin.
Thierry Gadou : « Il y a ce match face à la Nouvelle-Zélande qui se joue à 9h30 avec ce fameux haka. Mon père était rugbyman, je viens d’une terre de rugby et faire face au haka, même en tant que basketteur, c’est toujours extraordinaire. C’était extrêmement marquant, d’autant plus si tôt le matin. On vivait dans notre bulle avec les autres athlètes. C’était un truc de dingue, on était isolé du monde. Vous imaginez, plus de 10 000 athlètes ensemble… Le réfectoire, c’était extraordinaire. Il y avait tous les menus des cinq continents qui s’offraient à vous 24h/24, c’était un truc de dingue. Je me rappelle aussi de ce match face à la Chine qui déclenche un peu tout, on est complètement à la rue et puis Antoine (Rigaudeau) se met à mettre des paniers à trois points dans tous les sens, ce qui nous fait basculer du bon côté pour la deuxième semaine jusqu’à cette fameuse finale. »
« Carl Lewis était très pro-américain donc il n’arrêtait pas de nous dire que les Ricains allaient gagner quoiqu’il arrive »
Cyril Julian : « On était un petit groupe à table et d’un coup, on a vu tous les photographes arriver. On s’est demandé ce qui se passait et en fait, il y avait Mohamed Ali et Carl Lewis juste à côté de nous en train de manger. J’étais super content de pouvoir discuter avec deux des plus grands champions olympiques de tous les temps, c’était géant. Carl Lewis était très pro-américain donc il n’arrêtait pas de nous dire que les Ricains allaient gagner quoiqu’il arrive. Et nous, on était encore très loin d’imaginer ce qu’on allait réaliser comme aventure et comme exploit donc on savait très bien que c’était les grands favoris. Le plus beau souvenir, c’est quand on monte tous ensemble sur le podium en se tenant par les épaules. C’est cette sensation unique d’avoir réussi à faire quelque chose de très important. Autrement, je pense que le plus bel honneur donné à un athlète est de défiler dans le stade olympique. J’ai eu la chance de participer à la cérémonie d’ouverture et ça restera gravé jusqu’à la fin de ma vie. »
« Mes coéquipiers ne m’en voudront pas de dire que pas un ne parlait correctement anglais donc c’est moi qui allait en conférence de presse après »
Crawford Palmer : « Pour moi, participer aux JO a toujours été un rêve, même si ce n’était pas avec mon pays d’origine. Je connaissais certains gars de l’équipe américaine comme Vin Baker et Alonzo Mourning. Lui par exemple, je le côtoyais depuis 17 ans. On était tous les deux stagiaires à Washington à la même époque, il a piqué ma place à Georgetown (il rit). On avait souvent joué l’un contre l’autre. Mais à l’époque, quand on partait en France, on disparaissait totalement. Fos-sur-Mer en Nationale 1, même si je me suis éclaté là-bas, c’était le désert du basket. Me retrouver ensuite en finale des JO avec la France sur le maillot et jouer contre les Ricains, c’était un grand moment. Je parlais à Gary Payton quand il était aux lancers-francs, ça lui a fait rater le deuxième. C’est juste un détail mais ça m’a fait rire. Kevin Garnett, on en a fait tout un truc autour. C’est un chambreur, il est connu pour ça. Je crois que ça l’a étonné de trouver quelqu’un qui lui a répondu en anglais. Je n’ai jamais eu l’occasion de lui dire car je ne l’ai pas recroisé après mais j’ai marqué plus de points que lui en finale (il rit). Mes coéquipiers ne m’en voudront pas de dire que pas un ne parlait correctement anglais donc c’est moi qui allait en conférence de presse après. On me faisait passer pour le capitaine même si j’étais loin de l’être. Et me retrouver au micro avec Ray Allen et Rudy Tomjanovich fut aussi un bon moment.
Moustapha Sonko : « Ces JO resteront gravés à jamais. C’est un rêve qui est devenu réalité. Il s’est passé beaucoup de choses à Sydney mais comme anecdote particulière, on peut retenir le dunk de Vince Carter sur Frédéric Weis. Bon, c’était un moment dur pour lui. À ce moment-là, j’étais sur le banc juste à côté du panier et c’était impressionnant mais comme on était en plein match, on ne pouvait pas… Mais quand on a revu les images après, on était comme des gamins devant. Cela dit, on est vite passé à autre chose, on était dans la compétition. Ce qui était marrant, c’est que quand on mangeait, les gens venaient carrément à notre table pour voir Fred Weis. »
« Je détestais Laurent Sciarra à l’époque, maintenant je l’adore »
Frédéric Weis : « La FFBB nous avait mis dans de bonnes conditions avec un voyage en classe business jusqu’à Sydney. Je m’en rappellerai toute ma vie, c’était la première fois que je prenais l’avion en business. Ça faisait plaisir de leur renvoyer l’ascenseur en faisant ce résultat. À Sydney, on avait un bon groupe, réparti en trois ou quatre sous-groupes, comme dans toutes les équipes. On savait où on voulait aller et on l’a fait. Ça a resserré les liens avec beaucoup, voire ça en a créé avec d’autres. Je détestais Laurent Sciarra à l’époque, maintenant je l’adore. Il y avait un McDonald’s gratuit dans l’enceinte du village olympique. Déjà que c’est moyen pour des sportifs mais alors gratos… Il était toujours pris d’assaut. Ça m’avait absolument choqué au début de voir ça au début. Je m’étais dit que je n’irais pas et finalement, on se laisse griser. Le village, c’est vraiment quelque chose à part, j’ai trouvé ça assez impressionnant. Il y avait des salles d’arcades pour les jeux vidéo, un bar, plein d’activités. C’était une ville dans la ville. Mais ce qui m’a surtout marqué, c’est le fait d’avoir gagné la médaille. Elle doit être rangée au fond d’un tiroir, je ne suis pas en train de l’astiquer tous les jours. Je suis super content de l’avoir fait mais c’était une autre vie, un autre temps. »