Suite à un reportage sur place, nous consacrons toute cette semaine, du dimanche à vendredi, au Limoges CSP. Le club le plus prestigieux, le plus titré et aussi le plus turbulent du basket français, qui possède une saveur unique.
Ce deuxième chapitre est une interview en deux parties du président Youri Verieras, 29 ans, qui suite au décès de son mentor Frédéric Forte, il y a un peu moins d’un an, s’est vu confier la présidence d’un directoire qui comprend également Manuel Diaz (1) et Stéphane Ostrowski (2). Juriste de formation, initialement adepte du football et du cyclisme malgré sa grande taille, passé par Le Havre, il était auparavant le Directeur Général du club et en connaissait ainsi les ressorts. Mais devenir président du CSP, c’est une toute autre aventure. La volonté de la veuve de Frédéric Forte de prendre la main sur le club promet de nouvelles péripéties (3).
Voici la première partie de l’interview.
[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]
Votre vie a-t-elle changé depuis que vous êtes le président du CSP ? Pouvez-vous prendre un café en ville tranquillement comme auparavant ?
Dans la tranquillité, oui. On est une ville de basket et forcément il y a toujours plein de questions sur le sujet. Lorsque comme l’année dernière, sportivement ça va plutôt bien, il y a des formes d’euphorie. Quand comme cette année c’est sportivement plus compliqué, il y a forcément des gens un peu plus touchés mais on reste sur des échanges qui sont bon enfant, imprégnés de basket. Les gens veulent, ont besoin de savoir. C’est là que l’on mesure que le Limoges CSP est une institution. C’est une sorte d’emblème partagé par tous.
Jo Rousselle, qui vient de villes basket, Gravelines et Cholet, dit que l’on a beau être préparé, on ne mesure pas de l’extérieur l’impact du basket ici. Bien qu’étant auparavant le Directeur Général du club, aviez-vous bien mesuré cet impact ?
Le statut est différent et on passe forcément de l’ombre à la lumière. Je suis Limougeaud donc le poids du basket dans la ville et même au-delà, je le connaissais. C’est une ville qui vit basket. Réellement.
Quand vous entrez dans un lieu public, tout le monde vous regarde ?
Ça peut arriver ! (rire). Evidemment, ça fait partie des changements mais encore une fois, sans animosité. Les gens ici ont de l’amour, de la passion, et même de la ferveur pour le CSP. Le CSP, c’est quelque chose d’identitaire et de partagé. Tout le monde est réuni autour de ce club.
C’est la partie disons humaine où vous pouvez rencontrer les gens mais désormais, il y a les réseaux sociaux où beaucoup de personnes s’expriment vertement sachant que la présence des supporters du CSP au moins sur facebook et twitter est beaucoup, beaucoup plus forte que pour les autres clubs. Etes-vous un adepte des réseaux sociaux et n’est-ce pas dur de lire parfois des commentaires acides ?
Je lis de temps en temps les réseaux sociaux même si je n’y passe pas le cœur de mes journées parce que je suis aussi un président opérationnel. Il y a des commentaires acides, virulents. Je pense que ça fait partie de l’ADN des réseaux sociaux aujourd’hui. Si je veux en tirer une conclusion, c’est que ça me pousse et ça doit nous pousser à toujours faire plus et à toujours avancer. C’est comme un vecteur de motivation. Je suis quelqu’un qui est plutôt à l’écoute des critiques considérant qu’elles doivent être constructives. C’est humain, je n’aime pas par contre spécialement les insultes gratuites et la haine.
C’est cela qui vous a fait réagir dans un communiqué ?
Tout à fait. Vu avec un peu de recul, on avait eu aussi une mauvaise séquence avec l’épisode du Portel avec Samardo Samuels. Au milieu le tweet d’Olivier (NDLR : Bourgain, le Directeur Sportif) qui ne pense en aucun cas à mal…
Qui a été impulsif ?
Voilà. Je pense qu’il n’envisageait pas une seule seconde à quel point cela allait être repris négativement. Et pour moi c’était aussi une façon de dire « stop ! », on siffle la fin de la récré et on se recentre sur ce que l’on avait à faire. Et c’était destiné uniquement aux quelques personnes qui avaient des propos violents, insultants.
Vous les connaissez ?
Pas du tout.
« Pour Samardo Samuel, dans la mesure où il y avait en face de nous des faits graves, on était obligé de lancer une procédure disciplinaire avec un temps administratif à respecter pour ménager toutes les hypothèses, à savoir soit le réintégrer avec une sanction ou soit le licencier pour faute grave. »
D’une façon générale, qu’est-ce qui fait que depuis les années quatre-vingt-dix, le CSP est toujours au bord de la crise de nerf, que beaucoup de choses sont publiques alors qu’il y a des clubs où il doit y avoir des problèmes du même ordre mais on a l’impression qu’ils arrivent à laver leur linge sale en famille ?
Il y a deux explications majeures. La première, c’est que dans les années quatre-vingt-dix, c’est un club qui a gagné de nombreux titres. Ça a créé de l’exigence et de l’attente de la part des personnes qui sont fans du club et j’intègre dans le mot fan une communauté très large. Le fait que tout puisse paraître épidermique c’est aussi mécaniquement par l’attente qu’il y a autour du club. Il y a une telle importance du club dans la ville que c’est une affaire de passion. Le CSP, c’est un vrai point central. J’en reviens au mot institution. Tout ce qui peut s’y passer est commenté, analysé et peut parfois être interprété comme une situation de crise alors que ça ne l’est pas.
Ça doit vous changer du Havre, qui est un peu aux Antipodes ?
C’est fondamentalement différent. J’y ai passé une très belle année et j’y ai rencontré des dirigeants et des gens très bien. C’était un club programmé pour se maintenir. Forcément, il y avait beaucoup moins de pression avec une institution à côté, le HAC football, le club doyen en France. Le plan de route, c’était de se maintenir et il n’y avait pas grand-chose derrière et en back office pour le Directeur Général que j’étais, c’était de stabiliser le club, de faire qu’administrativement, financièrement, ça puisse rouler comme il faut.
Frédéric Forte était un président unique de par sa qualité d’ancien international, champion d’Europe, propriétaire du club, le fait qu’il a pris la présidence en Nationale 1, il a été au bureau directeur de la FFBB, à la FIBA etc. En plus du drame humain, n’avez-vous pas eu peur que tout s’écroule ?
Le drame humain a été terrible. On a vécu quelque chose de brutal. Au début, c’était incroyable. Je ne pouvais pas y croire. Après, je travaillais au quotidien avec lui et j’avais tous les dossiers en partage. Dès le lendemain, en tant que Directeur Général, je savais qu’il fallait se mettre au travail pour faire en sorte que le club avance. On avait toute la feuille de route du projet. Ça a été humainement très dur sur le plan affectif, mais sur le plan professionnel on s’est immédiatement remis dans le bain. Le lendemain, le 1er janvier au matin, on repartait en Italie pour jouer en Eurocup. Toutes les pierres étaient posées. Je sais pourquoi et pour qui je suis là.
Si vous faites un bilan, les satisfactions à aujourd’hui sont supérieures pour vous aux désagréments ?
Oui. C’est forcément pas évident aujourd’hui ne serait-ce qu’en raison de la situation sportive. Si on revient quatre mois en arrière, quand on finit quatrième de la saison régulière et demi-finaliste des playoffs, il y a eu mécaniquement plein de satisfactions. Aujourd’hui, ça travaille en interne, on travaille sur les projets, c’est foncièrement satisfaisant, on ne va pas se plaindre. Après, il y a des passages agités mais ça fait partie à la fois de la fonction et de Limoges (sourire).
La constitution du triumvirat du directoire et votre prise de présidence se sont-elles fait naturellement et rapidement ? Manuel Diaz est chef d’entreprise, il n’aurait pas pu être président ?
D’un point de vue légal, il n’y avait pas d’incompatibilité. Dans ces conditions, le Conseil de Surveillance s’est réuni rapidement et il a nommé l’organisation rapidement et naturellement aussi avec le partage de tâche qui a été dévolue à chacun.
Quand vous voyez qu’il y a trois Limougeauds en équipe de France (Axel Bouteille, William Howard et Jonathan Rousselle) pour le match à Beaublanc contre la Bulgarie, vous vous dites que le recrutement français a été bon ?
Oui et au-delà du recrutement en lui-même, ça veut aussi dire que la politique qui a été mise en place par Olivier Bourgain depuis un an et demi est la bonne et que l’on en récolte les fruits aujourd’hui. Ce n’était pas forcément gagné à cette époque-là de signer de jeunes JFL à potentiel. Limoges n’était pas connu pour sa capacité à prendre des jeunes et à les former. C’est très satisfaisant car si on a ces jeunes avec nous c’est que derrière on a une bonne structure d’encadrement avec des coaches individuels, de prépa physique, une structure médicale,. Tout ça a permis d’avoir ces joueurs, qu’ils restent, c’est le cas de Axel et William qui sont là depuis l’an dernier.
Le CSP a eu le premier centre de formation du temps de Pierre Dao avec notamment Franck Butter mais après ça été le calme plat pendant trente ans. Votre ambition est de réamorcer la pompe pour avoir un centre de formation comme à Cholet, Chalon, Pau, l’ASVEL avec la TP Academy ?
On a une vraie volonté de travailler sur la formation. On sait que l’on arrive dans un secteur plutôt concurrentiel avec des clubs qui pratiquent cette politique depuis longtemps. On tâche de mettre l’accent sur les cadets pour différentes raisons. Un, on a le temps de les faire travailler comme il faut sur une longue durée. Deux, Limoges c’est à part culturellement, en terme de contexte. Ça permet de diffuser cette culture limougeaude aux jeunes. Trois, sur des éléments plus court-termistes, on a quand même Timothée Bazile qui sort de l’INSEP, qui a encore du travail devant lui, et Sekou Doumbouya, qui fait le grand écart entre la Pro B et Limoges qui évolue en Jeep Elite et en Eurocup. C’est ce vers quoi on veut tendre.
Ce n’est pas facile de donner du temps de jeu à un jeune comme Timothée Bazile quand on a son lot d’internationaux et d’Américains ? Faudra-t-il le prêter pour qu’il puisse jouer ?
On verra toutes les options possibles avec Olivier Bourgain là-dessus. On l’avait signé sur une contrat longue durée de quatre ans. On voulait le faire bosser et c’est un gamin qui bosse dur et qui s’aguerri aussi au contact du groupe. Très sincèrement, on rêve de voir Tim Bazile jouer sur les couleurs du CSP. S’il y a besoin d’un prêt en cours de route -il attaque sa deuxième année- pour le récupérer mieux armé, ça fait partie de la politique de formation globale.
En ce qui concerne Sekou Doumbouya, est-ce le deal avec son agent Bouna Ndiaye qu’il ne va rester ici qu’un an et qu’il se présentera à la prochaine draft NBA ? Ou ce n’est pas certain à 100% ?
Je pense qu’il va se présenter à la draft. En tous les cas, tous les observateurs le disent aujourd’hui. La venue de Sekou est effective pour de multiples raisons. Le fait qu’il y ait la capacité d’entraînements individuels avec des coaches individuels qu’on offre aux joueurs. Un encadrement médical aussi pour prendre soin d’un jeune de dix-sept ans. Et pour le coup, il a du temps de jeu et par moments en ce début de saison, il est un élément plus que moteur de notre équipe pro.
Dans l’encadrement technique, il y a Frank Kuhn, le préparateur physique, qui est aussi celui de l’équipe de France, que vous avez fait basculer sur les espoirs. C’était son envie ?
Evidemment. C’est une proposition qu’on lui a faite et à laquelle il a souscrit. Quand on veut faire de la formation, il faut aussi une imbrication forte entre les staffs, les coaches, l’équipe médicale pour avoir un vrai projet d’accompagnement longue durée depuis les cadets jusqu’à ce qui doit être le but, l’équipe professionnelle. C’est la société qui gère le secteur pro, les U18, Elite et le Centre de formation.
Yacine Aouadi est un coach individuel. Il est salarié au club où fait-il ça en free lance ?
Il est prestataire pour le club. Il est basé ici et il est sur les séances de l’équipe professionnelle en permanence. Au-delà d’un certain travail sur la vidéo, il anime des séances individuelles tous les jours avant ou après les séances collectives. On ne l’empêche pas d’avoir des contrats ailleurs.
Il y a aussi le cas de Joseph Gomis à l’ASVEL et…
Je ne veux pas dire de bêtise mais je crois que c’est tout.
Combien de personnes sont attachées à l’équipe professionnelle ?
On a quatre entraîneurs, le principal (NDLR: François Peronnet) et les assistants. Yacine comme entraîneur individuel et Frank qui nous fait la prépa physique. On a aussi un peu de monde autour en terme d’intendance et bien sûr Olivier Bourgain, le directeur sportif. Je pense qu’aujourd’hui on fait partie des clubs référents en la matière. C’était la volonté prise il y a un an et renforcée à l’inter-saison avec Yacine que l’on n’avait pas l’an dernier. On fonctionnait à trois et maintenant à quatre.
Pourquoi avez-vous attendu quinze jours pour réintégrer Samardo Samuels après sa mise à pied suite à des propos injurieux envers le coach Kyle Milling ?
Parce qu’on était dans une procédure disciplinaire légale. Le temps de respecter tous les délais, on arrive à cette date-là.
Vous avez hésité entre le réintégrer et le licencier ?
On a mis en place une procédure disciplinaire conforme au Code du Travail avec un entretien individuel où l’on a eu l’occasion de se dire beaucoup de choses. Derrière on a rendu la décision mais le timing n’est pas ahurissant entre le moment où les faits sont commis, le moment où on le convoque, le délai de notification à respecter qui est sommes toutes raisonnable.
Tout le monde s’attendait à ce qu’il soit licencié ?
C’était un pronostic mais il y a eu forcément de nombreux échanges avec Olivier et Kyle à ce sujet-là. Il n’était pas question de prendre une décision unilatérale bête et méchante et déconnectée de tout sens. Mais une fois de plus, dans la mesure où il y avait en face de nous des faits graves, on était obligé de lancer une procédure disciplinaire avec un temps administratif à respecter pour ménager toutes les hypothèses, à savoir soit le réintégrer avec une sanction ou soit le licencier pour faute grave. Et eu égard les échanges qu’il y a eu avec le joueur, la décision a été prise de le réintégrer.
Il a eu une amende ?
Il a eu une mise à pied disciplinaire… sans solde.
Et depuis, ça se passe bien ?
Ça se passe bien. On n’a pas d’écart comportemental à signaler de son côté.
Il a un contrat de deux ans ?
Oui avec une option pour lui au bout de la première année.
Pour Mam Jaiteh, c’est un choix sportif de ne plus l’avoir fait jouer les derniers matches mais le reproche du club, c’est d’avoir manqué de gnaque ?
C’est un choix sportif qui a été pris au niveau du sportif. Entre-temps on avait signé Damien Inglis qui rajoutait une personne à l’intérieur. Il y avait des équilibres tant de gestion sportive que financier qui ont amené le sportif à envisager de se séparer de Mam. Sincèrement, je n’ai pas de griefs humains à son égard.
« Pour appuyer la rumeur, il a même été dit qu’il avait été vu avec moi. Je le dis, je l’affirme, je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer JD Jackson »
Kyle Milling a eu longtemps de la part d’Olivier Bourgain des commentaires bienveillants et tout d’un coup ça a basculé. C’est l’échec face à Dijon qui a entraîné sa mise à l’écart ou c’était tout de même en germe ?
J’ai rencontré le sportif trois jours avant le match à Levallois. Tous les coaches d’une part en présence d’Olivier Bourgain puis les joueurs de façon collective. Je leur ai fixé un ultimatum de réaction immédiate et prolongée. Je n’aurais tiré aucune conclusion si on avait gagné à Levallois comme d’en tirer aucune du fait d’y avoir perdu. Mais ils avaient un temps de travail de deux semaines qui commençait par ce match à Levallois, on avait au milieu Krasnodar, on avait Nanterre, on avait Berlin, et on jouait Dijon. Ils savaient qu’à ce moment-là, on ferait un bilan. La même chose avait été formulée aux joueurs. Je ne suis pas un technicien sportif mais j’attendais une réaction de fond en terme de comportement, d’agressivité, et force était de constater qu’elle n’était pas là. On fait un match à Levallois avec un léger mieux mais il y a défaite et on est encore dans les standards qui nous mettent en difficulté depuis le début de la saison. Puis on a un peu mieux à la maison contre Krasnodar malgré la défaite. On fait un bon match contre Nanterre que l’on gagne assez largement. On fait une première mi-temps plutôt bonne à Berlin et une deuxième plus compliquée. Et on retombe complètement dans nos affres et nos travers sur le match de Dijon. C’était le moment du bilan et aussi la nomination de François Perronet est mise en place avec une demande de changement au fond et la trêve internationale -même s’il n’a pas eu trois joueurs pendant quelques jours- lui permet aussi de commencer à travailler sur son plan de bataille, de mener les entretiens avec les joueurs et de ne pas le considérer comme un pompier de service.
Avez-vous envisagé de prendre un coach à l’extérieur ?
C’était une vraie volonté que de nommer François.
Là aussi, il y a eu beaucoup de rumeurs comme celle concernant JD Jackson qui aurait été aperçu en ville ?
(Rires) Qui était absolument infondée ! Peut-être était-il à Limoges… Et pour appuyer la rumeur, il a même été dit qu’il avait été vu avec moi. Je le dis, je l’affirme, je n’ai pas eu l’occasion de rencontrer JD Jackson.
Le tout fait qu’il y a un coût financier pour vous avec tous ces départs. Ça risque de perturber l’avancée du club ?
Non. On a un budget sur le sportif et on fonctionne comme les autres années, à savoir qu’il y a eu des saisons avec encore plus de changements en cours de route, et que ce budget est maîtrisé et fortement borné. On ne vient pas appauvrir ou menacer le club pour injecter sur le sportif.
Le club dispose de réserves ?
Oui mais le but n’est pas du tout de toucher aux capitaux propres du club. Le but c’est d’avoir un budget de fonctionnement dans un exercice et d’être dans les clous.
Depuis longtemps, spécialement ces dix dernières années, le club a battu le record de changement de coaches. Comment ça s’explique ? C’est un peu comme dans le foot à Marseille où il y a beaucoup de renouvellement (4)?
Je ne suis pas un grand suiveur du foot et on est aussi sur des modèles un peu différents. A Limoges et ailleurs dans le basket c’est aussi une « coutume » d’avoir l’entraineur comme fusible et électrochoc. Il a en face de lui des groupes bien plus restreints que dans le football. Il y a plus de pression ici qu’ailleurs, une nécessité très forte de résultats, et je pense qu’il y a davantage de turnovers au niveau des joueurs sur les dernières années ici qu’ailleurs.
Vous prévenez les joueurs de cette pression en amont ?
Ils sont forcément au courant puisque les joueurs échangent beaucoup entre eux et c’est bien logique. Evidemment quand ils arrivent en début de saison lors des briefings, on leur explique le club, son histoire, en quoi c’est une institution forte et majeure et pourquoi il y aura de la pression. C’est pourquoi on attend d’eux du combat, de l’agressivité, du respect car ce sont des choses qui sont dans l’ADN de Limoges.
Peut-on expliquer ce turnover par le fait que beaucoup de joueurs craquent mentalement et ne remplissent pas ce genre de mission ?
Je pense que pour certains joueurs ce n’est pas forcément évident mais ça fait partie de votre métier quand vous signez à Limoges. On ne peut pas être si négatif que ça car on sait pertinemment que si ça va bien, c’est une force absolue. Le contexte limougeaud a ses exigences mais il sait rendre au centuple. Il faut être prêt quand on arrive.
En NBA, avant de drafter les joueurs, ils demandent leur avis sur les joueurs à des dizaines de personnes et ils leur font faire des tests très approfondis pour mieux connaître leur personnalité. C’est le cas chez vous ?
Tant Olivier Bourgain que l’entraîneur passent des coups de téléphone à droite, à gauche, pour avoir des renseignements sur un joueur qui les intéresse. Ils ont aussi des échanges avec le joueur en question. Ils passent ensuite des tests médicaux avant de signer le contrat.
Mais pas de tests psychologiques ?
Non.
Vous pensez que ça viendra un jour ?
Je pense que ça viendra un jour.
A suivre demain.
(1) 39 ans. Un pionnier du numérique. En 1997, à 18 ans, avec son frère Carlos, il a créé à Limoges groupeReflect, l’une des premières agences web française. En 2007, l’agence prend le nom de Emakina qui représente aujourd’hui plus de 900 collaborateurs dans le monde. Le RECMA classe Emakina dans le Top 3 des groupes de communication digitaux en Europe. Il est le Conseiller spécial du club particulièrement en charge des sujets stratégiques, de communication et d’innovation.
(2) 56 ans. Ancien international, joueur de Pro A de 1982 à 2005. Vainqueur de la Coupe des Coupes avec le CSP en 1988. Il est responsable marketing commercial.
(3) Selon RMC Sport, Céline Forte souhaiterait faire appel à d’anciens joueurs du club dont Richard Dacoury et que Stéphane Ostrowski en devienne le président. Depuis que nous avons réalisé cette interview la semaine dernière, Youri Verieras a déclaré dans différents médias « être parfaitement légitime » à la présidence du CSP.
(4) Depuis quatre décennies, le CSP a eu 32 entraîneurs et et l’OM 49.
[armelse]
Votre vie a-t-elle changé depuis que vous êtes le président du CSP ? Pouvez-vous prendre un café en ville tranquillement comme auparavant ?
Dans la tranquillité, oui. On est une ville de basket et forcément il y a toujours plein de questions sur le sujet. Lorsque comme l’année dernière, sportivement ça va plutôt bien, il y a des formes d’euphorie. Quand comme cette année c’est sportivement plus compliqué, il y a forcément des gens un peu plus touchés mais on reste sur des échanges qui sont bon enfant, imprégnés de basket. Les gens veulent, ont besoin de savoir. C’est là que l’on mesure que le Limoges CSP est une institution. C’est une sorte d’emblème partagé par tous.
Jo Rousselle, qui vient de villes basket, Gravelines et Cholet, dit que l’on a beau être préparé, on ne mesure pas de l’extérieur l’impact du basket ici. Bien qu’étant auparavant le Directeur Général du club, aviez-vous bien mesuré cet impact ?
Le statut est différent et on passe forcément de l’ombre à la lumière. Je suis Limougeaud donc le poids du basket dans la ville et même au-delà, je le connaissais. C’est une ville qui vit basket. Réellement.
Quand vous entrez dans un lieu public, tout le monde vous regarde ?
Ça peut arriver ! (rire). Evidemment, ça fait partie des changements mais encore une fois, sans animosité. Les gens ici ont de l’amour, de la passion, et même de la ferveur pour le CSP. Le CSP, c’est quelque chose d’identitaire et de partagé. Tout le monde est réuni autour de ce club.
C’est la partie disons humaine où vous pouvez rencontrer les gens mais désormais, il y a les réseaux sociaux où beaucoup de gens s’expriment librement et vertement sachant que la présence des supporters du CSP au moins sur facebook et twitter est beaucoup, beaucoup plus forte que pour les autres clubs. Etes-vous un adepte des réseaux sociaux et n’est-ce pas dur de lire parfois des commentaires acides ?
Je lis de temps en temps les réseaux sociaux même si je n’y passe pas le cœur de mes journées parce que je suis aussi un président opérationnel. Il y a des commentaires acides, virulents.
[/arm_restrict_content]
[arm_restrict_content plan= »unregistered, » type= »show »][arm_setup id= »2″ hide_title= »true »][/arm_restrict_content]
Photos: Supporters et Youri Verieras (Limoges CSP), Samardo Samuels et Axel Bouteille (Eurocupbasketball)