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Stephen Brun, Edwin Jackson et Alain Koffi : L’argent sans tabou

Edwin Jackson (Estudiantes Madrid), Alain Koffi (Pau-Orthez) et Stephen Brun (consultant sur SFR Sport). Trois anciens internationaux qui ont eu des expériences à l’étranger parlent d’argent sans tabou. Un document rare.

Edwin Jackson (Estudiantes Madrid), Alain Koffi (Pau-Orthez) et Stephen Brun (consultant sur SFR Sport). Trois anciens internationaux qui ont eu des expériences à l’étranger parlent d’argent sans tabou. Un document rare.

A partir de quel âge t’es tu rendu compte que le basket n’était pas seulement un jeu, un plaisir, mais aussi un moyen de gagner de l’argent, et même parfois beaucoup ?

Stephen Brun : Assez tard. Lorsque je suis arrivé à Cholet, j’avais dix-sept ans et il n’y avait que la notion de plaisir. Dans un centre de formation, je gagnais 800 ou 900 F (Ndlr : 150-180€). Quand mon père était manager général au Mans, je m’intéressais à savoir quel joueur il allait recruter mais l’argent, ça ne m’intéressait pas du tout. C’est lors de ma dernière année espoir lorsque j’étais avec les pros, à l’âge de vingt ans, avec Eric Micoud, David Gautier, Fabien Dubos, que je me suis rendu compte qu’ils avaient un niveau de vie qui leur permettait des choses que je n’aurais jamais imaginées. Tu te dis que tu peux bien gagner ta vie en étant basketteur et acheter des choses sympas, qu’il fallait continuer à travailler pour percer dans le basket.

Alain Koffi : A partir de ma dernière année espoir lorsque Vincent Collet (Ndlr : alors coach du Mans) a fait appel à moi sur les entraînements pros et qu’il m’a dit, « si tu continues à progresser comme ça, il y a moyen que tu en fasses ton métier. »

Edwin Jackson : Pour moi c’est un peu spécial car mon père était basketteur professionnel (Ndlr : Skeeter, Américain naturalisé français et international). Je me suis vite rendu compte que l’on est plutôt gâté quand on est basketteur professionnel, on avait une grande maison, on faisait des voyages aux Etats-Unis.

Comment as-tu dépensé ta première paye de basketteur ?

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SB : En fait, lorsque j’étais à Cholet, je dépensais de l’argent que je n’avais pas et ça m’a valu quelques complications bancaires. Aussi, lorsque j’ai signé mon premier contrat pro à Mulhouse, en Pro B, mes premiers chèques m’ont permis de rembourser les conneries d’adolescent que j’avais faites au centre de formation. Donc, mes premiers chèques, j’en n’ai pas vraiment vu la couleur.

A.K. : Ça fait longtemps ! Je ne me souviens plus… J’avais vingt ans lorsque j’ai signé mon premier contrat pro, en 2002-2003, et je crois qu’à l’époque je n’avais pas le permis alors j’ai dû me payer des leçons avec.

E.J. : C’était à Villeurbanne, mais je ne m’en souviens pas. Je n’ai pas fait de folies particulières. Au quotidien, j’achète pas mal de vêtements alors c’est possible que j’en ais achetés avec ma première paye.

«  Pour rigoler, j’avais dit « allez ! les mecs, on pose tous nos bulletins de salaire sur la table. » Je l’avais fait le premier, puis un autre a suivi, deux, trois, quatre. Mais il y en a trois ou quatre qui n’ont jamais posé le leur. » Stephen Brun

Quel conseil donnerais-tu à un jeune qui se voit offrir un gros contrat mais qui n’a pas encore prouvé sa valeur sportive sur le terrain ? De foncer car il n’y a parfois pas deux occasions ou d’être patient ?

SB : Tout dépend. Si l’on parle d’un jeune qui joue juste quelques minutes en Pro A et qui a l’opportunité d’être drafté au premier tour et de partir en NBA, je ne pourrais pas lui dire « continuer une année ou deux de plus dans le championnat français ». Le gamin, il a 18-19 ans, il n’est pas forcément issu d’un milieu aisé, il a des parents derrière qui ont certainement dépensé de l’argent pour que leur fils joue au basket. Il peut avoir besoin d’argent au plus vite pour mettre papa et maman à l’abri, parfois des frères et sœurs, et là il peut gagner un million de dollars sur une saison, auusi je ne peux pas lui dire « reste en Pro A ! ». Même si sportivement ce n’est pas la meilleure solution, quand il y a autant d’argent en jeu, et que tu peux en faire profiter des gens autour de toi, tu te dois d’y aller. En Europe, les contrats ne sont pas les mêmes, et là je conseillerai à un gamin de rester dans son club formateur, de patienter un ou deux ans, et comme ça chaque année, les minutes vont augmenter. Il arrivera ensuite dans un club européen avec un statut plus affirmé et il pourra jouer d’entrée de jeu.

A.K. : C’est compliqué, ça dépend du contexte. Je lui dirai de foncer ! (Ndlr : en 2005-06, Alain cumula 11 points, 13 rebonds et 3 contres contre le Dynamo Moscou en ULEB Cup et quelques semaines plus tard, le club moscovite mis sur la table 650 000$ plus le prêt gratuit d’un joueur, Hannö Mottöla, pour Le Mans et un contrat de 2,5M$ sur deux ans et demi pour le joueur. Le MSB refusa la proposition). A l’époque, j’ai eu pas mal de regrets car c’était le contrat mirobolant qui concrétisait mes efforts. Je n’avais pas de visibilité sur la suite de ma carrière, alors ça me trottait constamment dans la tête, ça aurait été l’occasion pour moi de me mettre financièrement à l’abri et de côtoyer le gratin du basket européen. Mais finalement, même si je n’ai pas gagné ce que Moscou proposait, j’ai quand même fait une carrière honorable et je n’en suis pas entièrement mécontent.

E.J. : On peut devenir meilleur partout en travaillant dur. J’entends les gens quand ils disent « il faut jouer » mais c’est un métier que l’on ne fait pas toute sa vie alors si un jeune à la possibilité de prendre des sommes d’argent bien supérieures à celles qu’on lui propose en Europe, il faut aller les chercher. Il n’y a pas que l’argent quand tu rentres dans le monde pro, mais c’est vrai que si c’est trois ou quatre fois plus, moi j’irai prendre l’argent.

L’argent est-il tabou dans le basket, entre équipiers ?

SB : Avec moi, rien n’est tabou. Si quelqu’un me demande combien je gagne, je le lui dis. Sans mentir ! J’ai côtoyé certains coéquipiers qui aiment grossir leur salaire alors que tout se sait, je ne vois pas le but. Dans certains vestiaires, c’est un sujet de discussion parfois abordé. Avec certains, c’est très ouvert et avec d’autres, plus compliqué. Une petite anecdote : « à Nancy, à l’époque de Layman Wilson, Ricardo Greer, Akin Akingbala, on recevait nos chèques à la fin du mois sur nos casiers. Pour rigoler, j’avais dit « allez ! les mecs, on pose tous nos bulletins de salaire sur la table. » Je l’avais fait le premier, puis un autre a suivi, deux, trois, quatre. Mais il y en a trois ou quatre qui n’ont jamais posé le leur. »  C’était marrant.

A.K. : Ça dépend dans les équipes dans lesquelles tu joues. Dans certaines, on ne pouvait pas en parler alors que cette année, par exemple, on en parle librement et on connaît pratiquement tous nos salaires.

E.J. : Ça dépend où. En Espagne, ça ne l’est pas, les gens en parlent librement. En France, il y a de plus gros écarts de salaire, des joueurs gagnent dix fois plus que d’autres, alors ça attire peut-être des jalousies quand tu estimes que tu fournis les mêmes efforts. En Espagne, il y a plus d’argent. A Barcelone, tout le monde est aisé, il n’y a pas de jalousies. Je pense n’avoir jamais été dans une position où ce que j’ai gagné était trop par rapport à mes performances donc ça ne m’a jamais posé de problèmes que les gens sachent combien je gagne. Mais c’est vrai que certains joueurs n’aiment pas que leurs salaires soient publics car ils ne correspondent pas à leurs performances. Moi j’aime connaître les salaires car lorsque tu renégocies ton contrat c’est bien de savoir combien gagnent les autres joueurs sur le même marché. En summer league NBA, c’est très individualisé, on ne prend pas nos repas ensemble, on te donne de l’argent pour que tu manges, tu te débrouilles, je n’ai pas eu l’occasion d’en parler avec les autres joueurs. Mais chez les Américains, le problème ne se pose pas car tous les salaires sont communiqués. Sur Internet il y a les salaires de tous les joueurs NBA. Si tu vas sur twitter, tu peux apprendre que DeMarre Carroll à signer à Toronto pour tant de millions (Ndlr : 58M$ sur 4 ans), que tel joueur peut avoir entre ça et ça l’année prochaine, etc. Rien n’est tabou aux Etats-Unis.

« Dès que le maintien a été assuré, nous les étrangers, en en parlant entre nous, on s’est rendu compte qu’on n’était plus payé. » Alain Koffi

Quand tu pars à l’étranger, as-tu conscience du risque de ne pas être payé, d’être coupé sans dédommagement ?

S.B. : Je n’avais pas ça spécialement en tête. Je n’étais pas parti pour une histoire d’argent mais parce que j’avais envie de découvrir un autre basket à l’étranger, de nouvelles méthodes de coach, une nouvelle mentalité, un nouveau championnat, etc. Pour moi amoureux du basket, Split c’était parfait. Je ne suis pas parti non plus pour deux Bounty et trois Snickers. C’était ma première expérience à l’étranger, j’étais encore un peu jeune dans ce milieu là, à l’époque ce n’était pas la crise comme maintenant, et je n’ai jamais imaginé ne pas être payé, mais au final, j’ai compris que ça pouvait arriver !

A.K. : Ça été le cas puisque lorsque je suis parti à l’étranger, je n’ai pas eu tout mon contrat. En fait, lorsque j’ai signé à Badalone, il n’y avait pas la clause FIBA dans mon contrat et dès que le maintien a été assuré, nous les étrangers, en en parlant entre nous, on s’est rendu compte qu’on n’était plus payé. Le club n’a pas communiqué autour de ça, on en a parlé à nos agents qui nous ont dit « patientez, il faut négocier ». Et c’est là qu’on s’est rendu compte que Badalone ne met jamais une clause FIBA dans les contrats qu’ils signent (Ndlr : depuis 2006, le Tribunal Arbitral du Sport permet de résoudre rapidement les différents entre les joueurs, les agents et les clubs). Il me manque pas mal de mon salaire de ma première année de contrat. Badalone est un club qui est en difficulté financière depuis pas mal d’années et je crois qu’en Espagne, ils n’ont pas les mêmes règles qu’en France sur la gestion des budgets et finalement pour eux, chaque année ça passe.

E.J. : Je suis parti à Barcelone (sourire). J’avais déjà eu des propositions mais dans des clubs un peu bancals et c’est l’une des raisons pour lesquelles j’étais resté à Villeurbanne. Ce n’est jamais arrivé dans l’histoire qu’un joueur n’ait pas eu son contrat de Barcelone, donc je n’ai pris aucun risque en y allant. Pareil à Malaga et c’est stipulé dans mon contrat. Moi, je viens à l’heure à l’entrainement, je travaille dur tous les jours alors je n’accepte pas que mon employeur me paye en retard. Un contrat ça va dans les deux sens. Alors si un club me paye sensiblement en retard, si ce n’est pas une difficulté passagère mais récurrente, je ne vais pas continuer à jouer pour lui. Quand un joueur n’est pas performant, on le coupe, alors si un employeur ne me paye pas, je ne l’accepte pas.

Y avait-il dans ton club une logistique (appartement, voiture, etc) comparable à celle des clubs français ?

SB : A Split, l’appartement était très correct. Je n’avais pas de permis à l’époque, ils m’ont quand même donné une voiture neuve, j’ai essayé de la conduire mais j’ai vite rendu les clés ! C’était comparable à ce qu’un Américain peut avoir en France, sachant qu’ici il y a des standings différents suivant les clubs. A Nancy, les appartements étaient super, d’autres clubs c’est un peu plus rustique. A Split c’était très correct et j’avais la plage.

A.K. : Je n’ai pas eu tout mon contrat mais par contre, tous les à-côtés étaient vraiment très bien. Le MSB c’est pro, mais Badalone c’est le niveau encore au-dessus. Tout était fait pour que l’on ne pense qu’au basket. On n’avait rien d’autre à faire que jouer. Pour chaque problème de voiture, d’appartement, ou autre chose, il y avait quelqu’un pour gérer.

E.J. : Il faut savoir qu’à Barcelone, il n’y a pas d’avantages en nature. Si tu es étranger, tu peux louer une voiture à un sponsor et tu l’auras juste à un peu moins cher. Tu payes le loyer de l’appartement. Je pourrais habiter ici à Malaga dans l’un des apparts du club mais j’ai décidé de prendre une plus grande maison. Ici, j’ai deux voitures, une personnelle et celle du club, c’est un choix J’estime qu’en France on est très bon au niveau de la logistique. A Villeurbanne, au niveau des appartements et des voitures, c’était nickel. A Nanterre et Rouen, même chose. Peut-être ai-je été chanceux.

Lorsque tu es en renégociation de contrat, laisses-tu complètement faire ton agent ou veux-tu suivre le dossier de près ?

SB : Je laisse faire mon agent mais il y a un retour rapide. L’agent a un coup de téléphone avec le coach, le GM ou le prési, et après il revient vers le joueur pour lui faire le bilan de ce qui a été dit. Ce n’est jamais arrivé que mon agent m’appelle un soir en me disant « ton contrat est là, il y a tel et tel avantage en nature, tu n’as plus qu’à le signer. » Il y a toujours des étapes intermédiaires. Durant la négociation, je fais toujours part à mon agent de ce que j’aimerais avoir, mais je suis très flexible. Je ne vais jamais aller au clash pour 500€.

A.K. : Je le laissais gérer car il savait plus ou moins ce que je voulais et comme il connaît pas mal de coaches, il entrait en contact avec eux, sachant que leur jeu me convenait. Et ensuite, il revenait vers moi avec les propositions.

E.J. : Lorsque je négocie un contrat, j’aime bien parler directement avec le président et le coach. Bien sûr si le CSKA me veut, je n’ai pas moyen de les contacter alors mon agent va servir d’intermédiaire. Mais je ne veux pas que ce soit mon agent qui négocie les termes de mon contrat sinon le juridique. Ce n’est pas lui qui va décider tant d’années, ceci cela. Je veux que les clubs me parlent directement. Je veux que le coach me veuille et pas que ce soit le general manager qui m’aime bien et qu’une fois arrivé, je ne joue pas. Je préfère suivre le dossier de très, très prêt. Quand tu n’es pas sportif et que tu as à un entretien d’embauche, ce n’est pas quelqu’un d’autre qui va à ta place et tu parles directement à l’employeur, celui qui va te payer et te demander de faire telle ou telle chose. C’est ce que j’aime faire aussi.

« J’ai fait un choix, je vis seul, je n’ai pas de famille à charge, de femme, donc ce sont déjà des dépenses en moins. Je n’ai pas non plus de gadgets électroniques, par exemple, d’ordinateur, d’IPad. » Edwin Jackson

Es-tu plutôt cigale ou plutôt fourmi ? Dépensier ou épargnant ?

SB : A ma période choletaise, j’étais un jeune fougueux qui n’avaient pas connaissance des choses, j’étais très dépensier. Comme je l’ai expliqué, à Mulhouse, je n’ai pas vu mon argent pendant quelques mois car il fallait rembourser mes conneries, alors je suis devenu plutôt économe. J’aime bien être toujours positif avec quatre voir même cinq chiffres, sinon je commence à transpirer parfois pour rien du tout. Je suis devenu un peu maniaque sur mes comptes. Mais ça ne m’empêche pas de partir en vacances pour me faire plaisir.

A.K. : Je ne suis pas un gros dépensier, je ne roule pas dans une grosse voiture. J’ai vite compris que le basket, ça ne dure qu’un certain temps et qu’il faut mettre de l’argent de côté afin de préparer l’après.

E.J. : Dépensier ! Disons que je dépense sans doute plus d’argent que la moyenne des joueurs mais je ne serai pas dans le besoin à la fin de ma carrière. J’ai fait un choix, je vis seul, je n’ai pas de famille à charge, de femme, donc ce sont déjà des dépenses en moins. Je n’ai pas non plus de gadgets électroniques, par exemple, d’ordinateur, d’IPad.

Dans quoi investis-tu principalement ton argent ? As-tu des conseillers financiers ?

S.B. : J’ai un conseiller financier qui est d’ailleurs le même que celui de Fabien Causeur, quelqu’un du Havre. J’ai beaucoup de choses dans le financier, en assurances vie, en bourse sur des marchés sécurisés où il n’y a pas de grosses chutes, très peu sur des marchés risqués. Quand je vais acheter, ce qui ne va pas tarder, ça sera pour y vivre et pas pour défiscaliser.

A.K. : J’ai changé deux fois de conseiller financier et celui avec qui je travaille actuellement me plaît pas mal. J’ai investi dans de l’immobilier pour avoir un loyer qui tombe et aussi faire de la défiscalisation. Et puis, avec Philippe Amagou avec qui j’ai joué pas mal de temps, et un ami du Mans, on a ouvert une boutique d’informatique et ça tourne plutôt pas mal. Je suis assez fan de tout ce qui est dernières technologiques, téléphonie, informatique, et c’est la raison pour laquelle le projet m’intéressait. Je me vois bien travailler là-dedans. Mais j’essaye aussi de m’ouvrir d’autres portes et je vais reprendre mes études pour ça. Actuellement, je suis en contact avec des conseillers du club afin de suivre des formations à distance et faire des stages en entreprise l’été avec des partenaires à eux.

E.J. : Principalement dans l’immobilier, en France et comme j’ai la chance d’avoir un passeport américain, je peux faire des investissements aux Etats-Unis. Je prends peu de risques, pas d’investissements en bourse, c’est de l’épargne pure et dure. Ce que je gagne, je le mets de côté sans y toucher.

Y a t-il un niveau de salaire, tout spécialement en NBA, à partir duquel on peut le juger indécent ?

S.B. : Rien n’est indécent. Si un club est capable de payer un joueur 25 ou 30 millions, c’est qu’il lui permet ainsi qu’à la ligue des rentrées d’argent multipliées par deux ou trois. Donc le joueur le mérite sportivement et sur le plan du marketing, des retombées médiatiques, etc. Après, si on parle d’un mec qui est à un point de moyenne, qui vend trois maillots et qui prend 15 millions, oui c’est indécent. Mais en général ce sont les top joueurs qui prennent les gros salaires et donc ce n’est pas indécent.

A.K. : Si tu estimes que tu vaux plus, tu n’es pas obligé d’accepter le contrat et à l’inverse, si un agent propose un joueur à un club à une somme assez élevée, celui-ci n’est pas non plus obligé d’accepter. Si le club n’est pas satisfait ensuite, c’est lui qui a fait la bêtise. Personne ne lui a mis le couteau sous la gorge pour le signer.

E.J. : Non ! Dans ce monde, tout dépend de l’offre et de la demande. Il y a des millions de gamins qui rêvent en regardant les matches et si des gens sont prêts à t’offrir beaucoup d’argent c’est qu’ils ont un retour sur investissement… Indécent, c’est subjectif. Si on dit que c’est indécent alors ce que peux gagner un designer de vêtements, un pilote de Formule 1, un joueur de tennis, un footballeur, c’est aussi indécent. Est-ce décent ce que gagnent nos ministres pour faire ce qu’ils font ? Je trouve qu’il y a plein de métiers trop payés pour ce qu’ils font. Ceux qui devraient être les mieux payés, ce sont les médecins qui sauvent des vies tous les jours… Quand je vois que James Harden a touché 200 millions d’Adidas et que ce sont des enfants qui sont dans le besoin qui vont produire les chaussures, oui, si tu as une conscience, tu te poses des questions et tu peux dire que c’est indécent. Mais moi, en tous cas, si on me proposait un gros contrat, je le prendrai !

Toucher une prime de match est-ce une motivation pour le gagner ou tu n’as pas besoin de ça ?

S.B. : Il m’est arrivé dans des clubs que le président vienne nous voir car c’était un match important et qu’il nous dise « si on gagne, ça sera tant ». J’ai envie de gagner quoiqu’il arrive, mais je vais être très honnête, si j’ai un petit bonus sur le coup de 22h parce que j’ai gagné, je vais être très content, ça va me permettre de mettre de côté pour me payer des vacances. Je sais que pour certains joueurs, c’est une extra motivation. Je ne dis pas que ce sont des mercenaires, ça fait partie du job, ils sont là pour gagner de l’argent, et avec ce bonus, ils vont peut-être faire le petit pas défensif ou le sprint en plus. Certains présidents savent que un ou deux joueurs majeurs de leur équipe peuvent se surpasser dans ces cas là et ils en jouent. Ce n’est pas que la mentalité américaine, mais de l’être humain.

A.K. : Une prime de match, ça motive tout le monde. Au Mans, il y avait des primes d’objectif et si tu gagnais la Leaders Cup, alors ça te motivait. Sportivement, tu es motivé car tu as envie de garnir ton palmarès et cette prime, c’est gagnant-gagnant. En Espagne aussi, il y avait des primes d’objectif, une prime s’il y avait une participation à la Copa del Rey ou aux playoffs. On ne va pas la cacher, tous les joueurs en parlent et quand c’est le cas, tu essayes d’en faire encore plus.

E.J. : A part en équipe de France où l’on a des primes d’objectifs, je n’ai jamais été en club dans une situation où il y a une prime de match. A Villeurbanne, tu es censé faire la Leaders Cup et les playoffs, aussi il n’y a qu’une prime pour être champion, rien d’autre. De toutes façons, je suis motivé pour tous les matches. La prime, elle peut venir directement par ton club mais la meilleure prime, c’est de gagner tout tes matches ou la plupart, d’être dans une équipe qui performe et la prime, elle sera indirectement sur ton prochain contrat. La plus-value que tu fais sur ton nouveau contrat, tu peux alors la diviser par le nombre de matches que tu as fait dans l’année et ta prime de match, elle est là.

Leurs expériences à l’étranger

Stephen Brun 2,02m Split (2008-09)

Alain Koffi 2,07m Badalone (2009-10)

Edwin Jackson 1,91m Barcelone (2014-15), Malaga (2015-16), Estudiantes Madrid (2016-17)

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Article paru dans Basket Hebdo en 2016

Photos: LNB, ACB, FIBA Europe

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