Comme l’an dernier face au Maccabi Tel-Aviv, Monaco revient de nulle part pour ramener sa série de quart de finale d’Euroleague à la maison. Dos au mur, la Roca Team est parvenue à créer l’exploit lors du match 4 sur le parquet de Fenerbahçe, qui n’avait perdu que deux fois cette saison à domicile !
Une performance rare acquise au terme d’un match étouffant, ultra défensif et d’un moneytime encore plus irrespirable (62-65). Passé à côté deux jours plus tôt, Elie Okobo (13 points) a porté son équipe dans la douleur... au même titre que Donta Hall (6 points, 8 rebonds), Jordan Loyd (8 points) ou le facteur X Yakuba Ouattara (5 points).
Le rêve de qualification pour le Final Four de Berlin existe toujours pour Monaco, qui aura une occasion de le concrétiser lors d’un match 5 à Gaston-Médecin mercredi prochain. L'épilogue d'une série croustillante.
Une première mi-temps cadenassée
Sous l’impulsion de Donatas Motiejunas et du capitaine Yakuba Ouattara, envoyé en mission sur Nick Calathes, Monaco réalisait une entame idéale (0-4, 2e). Mais si son excellente défense était récompensée de nombreux stops, l’équipe de Sasa Obradovic était sur un fil en attaque (26 % aux tirs au premier quart-temps). Elle ne marquait - déjà - plus le moindre panier pendant plus de six minutes...
Une résultante des matchups choisis par le staff de Sarunas Jasikevicius tandis que la seule erreur récurrente des Monégasques était de laisser Nigel Hayes-Davis enrouler ses adversaires ligne de fond (12-4, 8e). Quelques exploits individuels empêchaient toutefois Fenerbahçe de prendre le large en fin de premier quart-temps (15-11).
Sauf que l’équipe turque, la plus adroite de l’Euroleague, commençait à prendre feu derrière l’arc par l’intermédiaire de Scottie Wilbekin et Marko Guduric (21-13, 12e), ce qui avait pour effet de plonger Monaco dans le doute. On pouvait apercevoir la tension sur le banc monégasque lors des temps-morts et, sur le terrain, la Roca Team était contenue. Elle ne parvenait pas à développer un jeu collectif très huilé.
Mais elle s’en remettait à Mike James et Elie Okobo, auteur de 9 points consécutifs, pour revenir dans la partie (30-30, 18e). Il faut dire que, malgré quelques coups de chauds, les Turcs étaient anormalement maladroits jusqu’ici (38 % aux tirs dont 31 % à 3-points).
Sans les 9 rebonds offensifs du Fener qui ont offert 12 points sur deuxième chance en première mi-temps, l’ASM serait sans doute repassée devant mais les hommes de Sarunas Jasikevicius viraient bien en tête à mi-parcours (33-30).
Yakuba Ouattara, capitaine courage
L’adresse extérieure des deux équipes remontait instantanément au retour des vestiaires. Et après les bombinettes de Jordan Loyd, c’est l’activité de Yakuba Ouattara des deux côtés du terrain, lui qui n’avait pas été utilisé depuis le début des playoffs, qui permettait à la Roca Team de passer devant pour la première fois depuis le tout début de la rencontre (42-43, 26e). Comme un symbole.
Protégée par sa muraille, Monaco accumulait de la confiance et Fenerbahçe ne survivait que grâce à ses shooteurs… et ses défenses sur Mike James pour ne pas perdre le fil (44-48, 28e). C’était surréaliste mais Fenerbahçe était tenu à 47 longueurs après trois quart-temps ! Une preuve de la réaction monégasque par rapport au match 3 (47-48).
Finish en apnée !
Les hommes de Sasa Obradovic verrouillaient toujours l’accès au panier au dernier quart-temps mais ne concrétisaient pas de l’autre côté du terrain… L’histoire de ce match. Les deux collectifs, pourtant réputés pour leur efficacité offensive, entamaient le moneytime sur un score historiquement bas (52-52, 36e).
Le talent individuel d’Elie Okobo et la détente de Donta Hall furent le reste. Ils permettaient à la Roca Team de climatiser l’Ulker Sports Arena et ses 14 000 fans vêtus de jaune à trois minutes du terme (52-56, 37e).
Mais il en fallait plus pour mettre définitivement à terre les coéquipiers de Nick Calathes et Marko Guduric, revenus à -1 (57-58). L'énorme crêpe de Donta Hall sur le Serbe suivie du panier à 3-points de Mike James à 57 secondes de la fin permettait enfin à Monaco d’entrevoir à un exploit (57-61). “Dieu est de retour”, a crié David Cozette au micro de Skweek, à juste titre tant le leader monégasque, candidat au titre de MVP de la saison régulière, n’y était pas... comme depuis le début de la série (10 points à 4/14 aux tirs, 6 d'évaluation en 33 minutes).
Alors qu’elle n’avait plus que deux points d’avance, la Roca Team faillit se faire surprendre sur une press tout terrain mais elle s'en sortait miraculeusement et Donta Hall redonnait 4 points d’avance avec 40,3 secondes à jouer. Le Fener restait toujours en vie après le tir à 3-points de Marko Guduric à 21 secondes du terme (62-63) ! Et il récupérait même la possession du match quand Mike James ne parvenait pas à remettre en jeu.
Mais la pénétration de Scottie Wilbekin ne trouvait pas le chemin de la filoche à 5 secondes du buzzer et Monaco parvenait à conserver le ballon sur la dernière action, même conclue par Donta Hall (62-65). Quel soulagement pour les hommes de Sasa Obradovic !
L’envahissement du terrain par quelques supporters après le buzzer a jeté un froid sur la fin de match mais Monaco a bien tenu son exploit : Fenerbahçe n’avait jamais marqué moins de 76 points cette saison à domicile, la Roca Team l’a laissé à 62 unités ! Une prouesse défensive d’autant plus avec l’absence de John Brown.
Mais la série n’est pas terminée. Dernier round à Gaston-Médecin mercredi prochain à 19h.