À 40 ans, T.J. Parker s’est offert un nouveau départ à la rentrée. Un an après son éviction de l’ASVEL, club auquel il a consacré onze années de sa vie dont les trois dernières comme head coach, le technicien français a troqué sa place de numéro un pour le costume d’adjoint auprès de son premier entraîneur chez les professionnels, Gordon Herbert, champion du monde en 2023 avec l'Allemagne, au Bayern Munich. Il raconte les dessous de ce choix et se livre comme rarement dans une riche interview donnée à L'Équipe.
« Depuis l’année où il m’a coaché à Paris (2005-2006), Gordon Herbert et moi sommes restés en contact. Il me suivait, me félicitait de mes résultats avec l’ASVEL, était le premier à m'envoyer un message dans les moments difficiles. En 2022, il m'avait proposé d'être son assistant avec l’Allemagne. Mais avec les saisons marathon en Euroleague, j'ai hésité et refusé. Je regrette vu qu’ils ont été champions du monde (rires). C'était aussi un choix familial. Fin août, il m’a écrit pour me demander si j’étais disponible. Le 1er septembre, j'étais ici. »
Outre le fait qu’il réfute d’avoir postulé pour un poste en équipe de France cet été, T.J. Parker estime ne pas avoir effectué de pas de recul en Bavière. Même s’il acquiesce tout de même que ce n’était pas son plan initial : « Redevenir assistant, ce n’était pas l'option numéro un, mais cela me convient, car c’est pour un club ambitieux, c’est pour Gordon. Un ami, le coach champion du monde. Et puis, c’est l’Euroleague ! Je m’éclate plus qu’à rester chez moi à tergiverser. C’est un peu l’histoire de ma vie, de descendre pour mieux remonter. »
« Cela n’était pas facile tous les jours d’être coach à Villeurbanne, malgré ce qu’on peut penser »
T.J. Parker est revenu sur ses relations distendues avec son frère Tony, président de l’ASVEL, depuis son éviction en octobre 2023. Un an plus tard, cet événement continue de peser sur leurs relations.
« Je n’ai jamais triché à l’ASVEL, j’ai tout donné. Avoir le sentiment qu’on ne te le rend pas fait mal. (...) J’ai été déçu par la manière. Je sais ce qu’est le métier de coach. On ne signe pas à vie, on est toujours sur la sellette, et on se l’est dit dès le début avec Tony. Mais ne pas être tenu au courant, je l’ai mal vécu. Je prépare un match contre le Fenerbahçe, on ne m’informe pas et j’apprends sur les réseaux et dans les journaux, avant la rencontre, que la décision est prise. Tony a démenti, m’a d’abord dit “on continue comme ça”, mais le lendemain à 17h, c’était fini. Comment peut-on faire ça à quelqu’un qui, sans même parler des trophées, sacrifie tout depuis onze ans dans un club ? (...) On ne se voit plus trop. Mais c’est comme ça, c’est la vie. Et les calendriers font que c’est compliqué de toute façon. Maintenant, chacun avance de son côté, lui est toujours président de l’ASVEL, il a une vie XXL, il est partout. Et moi je suis très occupé ici. On reste en contact de différentes manières, mais évidemment beaucoup moins que quand j’étais là-bas. (...) Cela n’était pas facile tous les jours d’être coach à Villeurbanne, malgré ce qu’on peut penser. Et également de devoir avancer avec cette étiquette de “frère de Tony Parker”, à laquelle on me renvoyait en permanence. Après avoir gagné tous ces titres avec cette équipe (NDLR : Coupe de France 2021, champion de France 2022 et 2023, Leaders Cup 2023), les accomplissements devraient parler d’eux-mêmes. La reconnaissance en France, à plusieurs niveaux, n’a pas été celle que j’aurais cru mériter. En ce sens, vivre ce nouveau projet, qui avec sa nouvelle salle et son ambition ressemble à celui de l’ASVEL, est une bouffée d’oxygène. »
Ces derniers mois, l’ancien champion de France 2008 a profité de ce break certes un peu long, et sans coup de fil en France, mais aussi familial et régénérateur. Il est aujourd’hui fier de représenter les coachs français à l’étranger : « C’est rarissime aujourd'hui chez les coaches, alors qu’on a beaucoup de qualités à faire valoir. Si ça peut ouvrir la voie à d’autres, rien ne me rendrait plus heureux et plus fier. »