L’année 2022 s’achève sur un cadeau de Noël avec quelques jours de retard : un derby alléchant entre les deux mastodontes du basket grec, le Panathinaïkos et l’Olympiakos. Un immanquable, parmi les plus belles rivalités d’Europe.
Tout au long de la saison 2022-23, vous pourrez lire sur Basket Europe les aventures d’Adrien, alias Hoopvan, un passionné de basket qui parcourt 15 000 km au travers du vieux continent dans un van spécialement aménagé au sport de sa passion.
Depuis 1992 et le sacre du PAOK Salonique, aucun club hors de la capitale n’est parvenu à remporter le titre de champion de Grèce. Sur les trente dernières saisons, on compte 20 triomphes pour le Panathinaïkos, 9 pour l’Olympiakos… et un pour l’AEK Athènes, l’autre club omnisport de la ville du Pirée, tout autant connu pour ses déboires financiers que ses exploits sportifs. Et celui-ci remonte à 2002, une éternité. Même si ce dernier a notamment remporté une coupe d’Europe au sein du stade panathénaïque en 1968, un moment inoubliable devant plus de 80 000 spectateurs, et qu’il reste à ce jour l’un des seuls outsiders crédibles au titre suprême du championnat grec, il reste très loin de ses deux rivaux en termes de renommée et de rivalité.
L’attachement et l’engouement que l’Olympiakos et le Panathinaïkos provoquent se retrouvent en ville. On peut apercevoir presque à chaque coin de rue l’identité de l’un des deux au travers de tags. Il semblerait que le trèfle du PAO soit le plus représenté. Evidement les emblèmes, Gate 7, le trèfle, 13, les abréviations ne sont pas propres au basket. Cette rivalité se retrouve également dans les autres sports dont le foot qui nous offre de magnifique derbys !
Le derby des éternels ennemis en chiffres
290 confrontations
Panathinaïkos : 160 victoires (55,2 %)
Olympiakos : 130 victoires (44,8 %)
Quelques joueurs passés par les deux clubs : Vassilis Spanoulis, Dino Rajda, Ioannis Bourousis, Ioannis Papapetrou, Michalis Lountzis, Alexander Volkov, Giorgi Shermadini, Damir Mulaomerovic
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Chaque derby des éternels est attendu, même s’il s’agit déjà du 290e dans l’histoire. Comme c’est très souvent le cas dans ce derby des éternels, l’affiche de ce 30 décembre 2022 est sold out quelques heures après l’ouverture de la billetterie, dix jours avant le match. L’OAKA sera pleine, avec plus de 19 000 supporters. Tout passionné de basket sait plus ou moins à quoi s’attendre.
Jour J : l’affrontement des colosses grecs
30 décembre 2022. Jour J, jour de derby. Athènes se réveille et attend déjà la dernière bataille de l’année entre ses deux géants du basket grec. Comme tout grand affrontement, un peu de prévention est nécessaire : interdiction d’utiliser des lasers, grand fléau en Grèce, et appel au respect envers les différents acteurs du match. L’autre information, c’est l’ouverture des portes trois heures avant le début du match, un bon moyen de prendre la température de la rencontre.
Arrivé à la salle, il n’est pas simple de trouver sa place. L’anglais n’est pas courant ici. Plan B : je communique avec des signes. Après les passages de sécurité, j’entre dans la magnifique enceinte de l’OAKA – créée à l’occasion des JO d’Athènes en 2004 – à deux heures du coup d’envoi. Et les chants de supporters résonnent déjà en tribune, c’est dire à quel point ce derby passionne ! En attendant le début du match, les Ultras préparent la salle en accrochant de nombreuses bannières aux barrières qui séparent les différentes tribunes. Les premiers joueurs font leur apparition sur le terrain sous les applaudissements ou les sifflets suivant leur camp.
Après un briefing dans les vestiaires, les joueurs sont de retour sur le terrain. L’entre deux n’a pas encore été donné mais la salle est pleine à craquer et l’atmosphère est déjà très chaude. Un derby, c’est bien plus que le jeu sur le terrain. Arriver seulement au coup d’envoi, c’est manquer la moitié du spectacle !
En courtside, on voit arriver de nombreuses personnalités. Entre autres Stojko Vrankovic, vainqueur de l’Euroleague avec le Pana en 2007, Ioannis Papapetrou un ancien de la maison qui évolue aujourd’hui au Partizan Belgrade. Mais aussi Mike James et Donta Hall, joueurs de Monaco venus notamment voir leurs anciens coéquipiers Paris Lee et Dwayne Bacon pendant leurs vacances. La salle est acquise aux verts et blancs, aucun supporter de l’Olympiakos en tribunes. Les chants ne s’arrêtent plus, la salle ne fait qu’un derrière son équipe.
Maintenant que tous les supporters sont dans la salle, on voit ceux situés en hauteur descendre et prendre place dans les gradins inférieurs sur les marches des escaliers. On a donc un mur humain en face du terrain. Après la présentation des équipes, tout le monde tend les bras en avant et le « Horto Magiko » retenti en tribune ! MAGIQUE ! Le plus beau chant de supporters ? Parmi les meilleurs, sans doute. Suite du protocole officiel avec l’hymne de l’Euroleague et place au match.
La première possession est pour l’Olympiakos mais les premiers points pour le Panathinaikos. Ce premier quart est caractéristique des deux équipes : du jeu collectif pour trouver des paniers faciles d’un côté et un jeu reposant sur de fortes individualités voire des exploits individuels de l’autre. C’est un début de match accroché. Dans les gradins, tout le monde se lève pour célébrer chacun des points inscrits par le Pana. L’Olympiakos prend l’avantage en fin de quart grâce notamment à un énorme début de match du Français Moustapha Fall contre lequel le Pana ne trouve pas de solution (20-26).
Privé de leur meilleur joueur, Sasha Vezenkov, les rouges et blancs peuvent toujours s’appuyer sur leur magnifique jeu sans ballon. L’alchimie de cette équipe et le collectif bien huilé mis en place par Georgios Bartzokas leur permet de prendre les devants. Toutes les lacunes du Pana sont exploitées à merveille. Malgré la frustration liée à la tournure que prend le match, les supporters se font toujours entendre en tribunes. On attend une réaction, l’OAKA est prête à exploser et soutenir n’importe quel début de révolte des joueurs sur le terrain. Le retour au vestiaire est compliqué (36-53), un autre visage est attendu pour la seconde mi-temps.
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Retour sur le parquet avec le même cinq de départ… pour le même résultat. Le Pana n’arrive pas à enchainer de stops défensifs. Les attitudes sur le terrain ne sont clairement pas encourageantes pour réaliser un come-back. En une mi-temps, ce derby semble plié tellement l’écart de niveau se fait sentir. Le show de l’Olympiakos continue avec un Fall toujours inarrêtable. L’international tricolore terminera à 19 points et 9 rebonds.
Il est dur de supporter son équipe dans de telles conditions mais les chants continuent par moments. L’intensité, l’envie, la détermination, la combativité, toutes ces valeurs qu’on attend dans un derby sont absentes et le match tourne au désastre pour le PAO. Fin du 3e quart-temps : 50-73.
Les deux minutes de pause avant le dernier acte permettent aux premiers supporters de quitter la salle. L’écart de niveau est flagrant, mais la manière dont se déroule le match fait tâche. La cohésion d’équipe manque et, c’est le grand reproche que l’on peut faire à cette équipe ce jour-là. L’attitude n’y était pas et les fans l’ont bien souligné. Toutes les bannières en tribunes ont été enlevées au cours du dernier quart et à 8 minutes de la fin, c’est une file de supporters sans interruption qui quittait la salle pour faire part de son mécontentement. Le jeu n’avait plus aucun intérêt, une fin de match très longue… Elle se conclut sur le score de 71-95.
Au coup de sifflet final, la scène n’est pas belle à voir ! De nombreux Ultras lancent leurs gobelets remplis en direction du banc des joueurs de l’Olympiakos, les joueurs du Pana sont eux sifflés très vigoureusement. On sent l’importance de joueurs locaux dans ce genre de match ou même de joueurs avec un attachement particulier aux clubs avec de l’expérience. C’est le président du club Dimitris Giannakopoulos qui sera le premier à réagir à la suite de cette lourde défaite en annonçant différents changements à attendre dans les prochains jours.
Comparaison avec le derby de Belgrade
L’affiche Partizan – Etoile Rouge a été davantage médiatisée puisqu’il s’agissait d’une première en Euroleague. Niveau ambiance d’avant match, les deux derbys se valent. Du monde présent à plus de deux heures du coup d’envoi et des chants presque en continu l’heure précédent le début du match avec un bel accueil de l’équipe à domicile à chaque fois. La première différence se trouve en tribunes où l’on commence le match debout en Serbie et assis en Grèce, cette tendance est également observable sur les autres rencontres auxquelles j’ai pu assister dans ces pays.
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Au cours du match, la salle ne fait qu’un et différents chants sont lancés. On peut regretter la virulence à l’égard des arbitres sur les coups de sifflets qui ne vont pas dans le bon sens mais cela fait aussi partie du spectacle.
La tournure que prend le match a notamment un fort impact sur l’atmosphère. C’est là toute la différence entre les deux derbys que j’ai pu faire. J’ai très peu de doute quant au fait que le derby grec soit bouillant mais le déroulé de ce match n’a pas aidé pour vivre l’expérience espérée, à mon grand désespoir.
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Photos : Euroleague