Ouverture : La République Tchèque célèbre
Les Tournois de qualification olympique ont rendu leur verdict : ce sont quatre équipes européennes qui rejoindront Tokyo, mais pas forcément celles que l’on attendait. À Belgrade comme à Kaunas, la déception des supporters locaux doit être immense, Lituaniens comme Serbes ratant la dernière marche, tout comme la Grèce et le Brésil.
Pour le bonheur des quatre sélections victorieuses : une Italie qu’on pensait moribonde sans ses têtes d’affiche, une Slovénie sublimée par un génie du nom de Luka Doncic, une Allemagne et une République Tchèque que l’on n’attendait pas à ce niveau.
Mais ces quatre indiscutables vainqueurs ont rappelé quelque chose de crucial : le collectif prime sur les individualités ; et les meilleures individualités ne donnent leur pleine mesure que dans le cadre d’un collectif fort. Serbes, Croates, Canadiens et d’autres déçus de ces TQO pourront s’en souvenir…
À Belgrade
Terrible désillusion à Belgrade pour l’équipe serbe, incapable de se hisser à la hauteur de l’événement. Peur de gagner, suffisance ou défaillance collective ? Toujours est-il qu’au bout de trois quart-temps, l’Italie menait 80-63. Et que le sursaut serbe de la fin de partie n’a pas été suffisant. Les cadres de la sélection sont passés au travers (Milos Teodosic 5 points à 1/8, Nemanja Bjelica, 5 pts à 2/9, Vasilije Micic 8 pts à 2/3 en 14 minutes…) et seuls Danilo Andjusic (27 pts à 9/14 aux tirs dont 7/12 à trois-points, 25 d’évaluation) et le jeune pivot Filip Petrusev (22 pts à 6/7, 5 rebonds, 3 contres, 29 d’éval) ont tenté de relever la tête.
Trop peu face à une Squadra Azzura privée de Danilo Gallinari ou de Marco Belinelli, mais qui a sans aucun doute tiré profit de l’absence de ces « stars » pour proposer un jeu collectif huilé (17 passes pour 8 balles perdues). Ce qui a permis de mettre en valeur les habituels Achille Polonara (22 pts, 12 rbds, 32 d’éval) et Simone Fontecchio (21 pts, 8 rbds, 22 d’éval) mais aussi les jeunes Nicolo Mannion (1,90 m, 2001, Golden State Warriors, 24 pts, 4 pds, 17 d’éval) et Alessandro Pajola (1,94 m, 1999, Virtus Bologne, 10 pts, 4 rbds, 6 pds, 17 d’éval).
Italie – Serbie : 102-95
À Kaunas
Que ce fut triste… Pays passionné de basket s’il en est, la Lituanie ne participera pas aux Jeux olympiques de Tokyo, une première depuis que la petite nation balte a retrouvé son indépendance. Et il aurait été tout aussi triste que la Slovénie soit éliminée. Mais, vicissitudes du tirage au sort et du format de ces TQO, Lituaniens et Slovènes ont dû s’affronter pour un seul ticket disponible pour les JO.
Et, au bout d’une rencontre acharnée, ce sont les Slovènes qui se sont imposés. Grâce notamment à un Luka Doncic monstrueux, qui affichait déjà 26 d’éval à la mi-temps, sans que cela fasse pour autant la différence : 52-52. Mais le prodige des Mavericks de Dallas a encore accéléré (31 pts à 13/23, 11 rbds, 13 pds, 2 balles perdues, 42 d’évaluation) et emmené avec lui Vlatko Cancar (18 pts à 6/11, 5 rbds, 21 d’éval), Jaka Blazic (16 pts, 3 rbds, 14 d’éval) et un Mike Tobey qui a largement justifié sa naturalisation express (13 pts à 5/9 aux tirs dont 3/4 à trois-points, 4 rbds, 14 d’éval).
En face, les Lituaniens n’ont perdu que 8 ballons, mais les Slovènes avaient fait encore mieux (5 balles perdues en tout et pour tout). Globalement, les Baltes ont développé un jeu de qualité, ils ont été bons, mais un peu moins que leurs opposants. Arnas Butkevicius (14 pts à 3/3 à trois-points, 4 rbds, 3 pds, 20 d’éval), Mantas Kalnietis (14 pts, 4 rbds, 4 pds, 15 d’éval) et Jonas Valanciunas (14 pts, 6 rbds, 14 d’éval) ont tout donné, mais ça n’a pas suffi, d’autant que Domantas Sabonis était un peu en retrait : 9 pts, 6 rbds, 8 d’éval.
Lituanie – Slovénie : 85-96
À Split
Jusqu’à cette finale, les Brésiliens avaient fait forte impression, gagnant tous leurs matchs par au moins 26 points d’écart. Mais si l’Allemagne avait jusque là eu un parcours moins rutilant, elle avait pour elle d’avoir vaincu dans la difficulté. Ce qui est parfois plus intéressant que de trop dominer, les Brésiliens s’en sont rendu compte. Dans une rencontre âpre, les hommes d’Henrik Rodl ont fait la différence par leur solidité, notamment défensive (39,1 % aux tirs pour les Sud-Américains). Et Moritz Wagner (28 pts à 9/12 aux tirs, 6 rbds, 27 d’éval) s’est chargé d’alimenter la marque. En face, seuls Anderson Varajeo (14 pts, 4 rbds, 15 d’éval) et Bruno Caboclo (9 pts, 5 rbds, 12 d’éval) ont su apporter de la contestation, alors que Vitor Benite passait complètement au travers : 3/18 aux tirs dont 1/11 à deux-points !
Allemagne – Brésil : 75-64
À Vitoria
La qualification pour Tokyo de la République Tchèque récompense une équipe, une véritable équipe. En témoigne un chiffre : 21,5, le nombre de passes décisives par match, pour 32,2 tirs réussis. Un collectif soudé, qui a littéralement fait exploser la Grèce au cours d’un troisième quart-temps achevé sur le score de 31-11. Débordés, sans solution (12 passes pour 14 balles perdues), les Héllènes n’ont guère eu que Georgios Papagiannis (14 pts, 3 rbds, 15 d’éval) et Konstantinos Mitoglou (12 pts, 4 rbds, 14 d’éval) pour lutter alors que leurs deux meneurs, Nick Calathes et Kostas Sloukas, terminaient avec respectivement 7 et 6 d’éval…
La France retrouvera donc les Tchèques dans leur poule à Tokyo. Et il faudra se méfier de leur maître à jouer, Tomas Satoransky (12 pts, 3 pds, 12 d’éval) tout comme de leurs intérieurs Jan Vesely (16 pts, 9 rbds, 5 pds, 31 d’éval) et Patrik Auda, bien connu du côté de Boulazac (20 pts à 8/9 aux tirs, 2 rbds, 4 pds, 25 d’éval). De quoi se rappeler que la 6e place acquise par la République Tchèque lors du dernier Mondial n’était pas qu’une heureuse surprise, mais la récompense d’un véritable talent…
Grèce – République Tchèque : 72-97
Photos : FIBA