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Trophée de l’année – Laëtitia Guapo, la grande gagnante de 2022

Qui d’autre que Laëtitia Guapo pour clôturer la série des trophées Basket Europe ? Pionnière du 3×3 et championne des champion.nes, elle a remporté le trophée Alain Gilles qui récompense le basketteur ou la basketteuse français.e de la saison. « Laëti » fait son bilan d’une année dorée en équipe de

Qui d’autre que Laëtitia Guapo pour clôturer la série des trophées Basket Europe ? Pionnière du 3×3 et championne des champion.nes, elle a remporté le trophée Alain Gilles qui récompense le basketteur ou la basketteuse français.e de la saison. « Laëti » fait son bilan d’une année dorée en équipe de France 3×3 comme au Tango Bourges et se projette déjà vers un avenir olympique.

Jusqu’à Noël, Basket Europe décerne ses trophées de la saison, avec des interviews et portraits de plusieurs personnalités de l’année 2022. Voici le trophée de « de la basketteur/basketteuse de l’année » pour Laëtitia Guapo. Pour découvrir l’intégralité de nos trophées, mais aussi de nombreuses nouveautés en 2023, abonnez-vous.

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Comment vous habituez-vous à cette nouvelle vie de rock star du basket français ?
“Je ne me considère pas du tout comme cela donc je ne m’y habitue pas. Cela fait surtout plaisir de voir que le travail paye et que l’on est récompensé pour ce que l’on fait. Je suis surtout fière de représenter le basket féminin au 3×3 comme au 5×5. Il y a beaucoup d’engouement autour de moi mais c’est surtout un sport d’équipe. Toutes les équipes de France ont performé. On parle souvent de ce qui a été médiatisé, comme la Coupe du monde. Chez les hommes comme chez les femmes, des médailles ont été remportées.”

Justement, cette Coupe du monde est le point de départ de la saison de 3×3. Une saison qui a démarré avec un effectif modifié de moitié et avec deux générations différentes. Et malgré tout, vous gagnez dès le départ, comment expliquez-vous cette alchimie ?
“Hortense Limouzin et Myriam Djekoundade n’étaient réellement pas de nouvelles joueuses qui découvraient le 3×3. Elles avaient déjà fait du 3×3 avec les U23 et elles participaient au stage de l’équipe de France. Les intégrer était surtout un pari sur le plan physique car on partait avec une petite équipe en taille. Mais on possédait le même objectif et c’est surtout cela qui a payé. On a mis toutes nos forces dans les batailles, on savait se dire les choses quand ça n’allait pas et tout a très bien fonctionné.”

Il y a eu ce titre mondial au début de l’été puis le doublé avec le championnat d’Europe. Mais entre-temps, vous avez participé aux Women’s Series, le circuit mondial où vous terminez à la deuxième place et qui représente la quasi-intégralité de votre saison…
« C’est encore à la marge. Beaucoup de gens ne comprennent pas trop pourquoi nous évoluons toujours avec des équipes différentes. Il y a des stops dans le monde entier, pas de localité précise. On voyage en fonction des tournois qui sont organisés et inscrits au fur et à mesure de l’été. À la différence du World Tour chez les hommes, nous représentons l’équipe de France et non une ville ou une identité commerciale. Durant ce circuit, le roster n’est pas limité à un nombre de participantes, ce qui permet de faire tourner et d’avoir davantage de repos l’été, avant de reprendre la compétition en 5×5. »

Après tout cela, est-ce qu’une professionnalisation de la discipline chez les femmes est rapidement envisageable ?
“Rapidement non, en tout cas pas avant les JO de 2024. Les Jeux boostent évidemment la professionnalisation de la discipline. Par exemple, l’équipe d’Allemagne et celle du Japon ont créé une entente professionnelle pour jouer sous une équipe commerciale. Mais cela reste encore très peu, c’est environ trois équipes parmi douze engagées sur un tournoi. C’est aussi une question d’argent. Lancer une équipe professionnelle, ça a un coût. Il faut payer les joueuses, les très longs déplacements et comme il n’y a pas trop de recul sur les retombées financières, les sponsors sont assez rigides, n’investissent pas encore.”

Si le 3×3 féminin venait à se professionnaliser davantage, est-ce que vous vous lanceriez totalement dans la discipline ?
“Oui, j’ai d’ailleurs demandé à la fédération s’il y avait aussi un projet d’accompagnement d’une équipe professionnelle 3×3 chez les femmes. Mais comme ils financent l’équipe masculine jusqu’en 2024, ils ne peuvent se permettre de faire cela pour deux équipes. De toute manière, notre groupe de joueuses est assez clair sur un point. Il n’existe pas encore de tournoi de septembre à avril sur le circuit féminin. À la différence des hommes, où même si le World Tour vient de se terminer (NDLR : il dure du printemps jusqu’à début décembre), des compétitions ont déjà lieu au mois de janvier. Qu’est-ce que l’on ferait alors si nous n’avions que du 3×3, juste des entraînements, ne plus être dans la compétition et mal préparer les Jeux ? C’est pour cela que nous voulons continuer d’être des joueuses professionnelles de 5×5. Cela ne dépend donc pas de la fédération mais simplement de l’organisation mondiale des Women’s Series.”

« Je prends ce qu’il y a à prendre, me donner à fond et me faire plaisir, c’est ma recette.”

Pour mieux connaître ces Women’s Series, avez-vous une anecdote particulière ou un lieu marquant à nous partager ?
“C’était la première fois que j’allais au Canada et c’était vraiment super. On a joué à Québec et à Edmonton. Je n’ai pas d’anecdote particulière mais simplement, quand tu aimes voyager, le 3×3 t’offre la possibilité de découvrir de nouveaux lieux. On joue souvent en plein centre ville, sur les plus belles places. On apprend à voyager à travers le basketball. Aussi, je suis contente que la France essaie de présenter de plus en plus de Women’s Series. On en a fait un à Bordeaux, sur la place des Quinconces. Cette année, il y en aura un à Clermont, ma ville d’origine. Faire découvrir le 3×3 à Clermont et la ville de Clermont sur le circuit 3×3, je suis super impatiente. Pour cela, c’est une discipline incroyable. Au 5×5, on n’a jamais le temps de visiter les villes lorsque l’on va en jouer en Euroleague, tout s’enchaîne très vite. Le 3×3 aide à éveiller la curiosité culturelle.”

Il y a des villes où le 3×3 est déjà bien ancré, où les habitants sont au rendez-vous des tournois ?
“Cela dépend de la communication aussi réalisée en amont du tournoi. À Bordeaux, par exemple, j’ai plein d’amis de la ville qui n’étaient pas au courant de l’événement. Il y a encore une communication à construire. En revanche, avoir des compétitions ouvertes gratuitement au public est une très bonne chose pour ramener un nouveau public. Je me rappelle d’un Women’s Series à La Rochelle en 2019, juste après l’Open de France, où les gens qui étaient en vacances se promenaient sur le port et venaient s’arrêter sur l’événement. Ils se prenaient au jeu, regardaient deux-trois matches puis revenaient le lendemain pour la finale. Le format s’y prête bien.”

Comment expliquez-vous votre réussite personnelle et, plus généralement, que faut-il pour réussir au 3×3 ?
“Il faut avant tout avoir une équipe en or. Mes caractéristiques de basketteuse conviennent bien au 3×3. Ce sont des matches courts mais très intenses. J’aime repousser mes limites dans chaque rencontre, ce que je ne retrouve pas au 5×5. C’est là où je suis la vraie Laeti ! En 2022, cela a payé mais j’ai tellement été déçue après les JO… En 2019, on avait aussi fait un beau parcours mais le souvenir des Jeux est encore difficile. Il a fallu se remobiliser et remettre toutes les chances de notre côté. Mais il ne faut pas être trop confiante et avoir une désillusion lors des Jeux, comme ce fut le cas en 2021.

Laëtitia Guapo aux côtés de Jean-Pierre Siutat, après avoir reçu le trophée Alain Gilles. Photo : FFBB

Puis j’essaie de prendre du plaisir sur le terrain, de me donner à fond, donc il n’y a pas de raison que j’échoue. La fédération nous met dans des conditions incroyables pour nous préparer aux grandes échéances. Des conditions matérielles mais aussi humaines avec des coachs, des kinés comme en équipe de France A. Enfin, l’ambiance qui s’y dégage est géniale. Je joues avec mes amies, je peux aussi partager cela avec mon copain (Franck Seguela, joueur professionnel de 3×3 Paris : NDLR). Je prends ce qu’il y a à prendre, me faire plaisir c’est ma recette.”

Les amateurs de 3×3 peuvent aussi vous connaître sous le nom de “La Guapa”, pouvez-vous expliquer l’histoire de ce surnom ?
“C’est le speaker officiel du 3×3 qui me l’a inventé. C’est vrai qu’il va très bien avec mon nom de famille. Je pense qu’il a dû le sortir naturellement … est-ce que le “La” vient du Laëtitia ou est-ce qu’il a rajouté un pronom car les étrangers savent qu’en France nous mettons des “La” partout. Il trouvait que ça allait bien, il aime bien mon jeu athlétique et aérien en plus ! Je pourrais difficilement mal prendre ce surnom (rires).”

Nous avons longuement parlé du 3×3, mais vous disputez votre troisième saison en Ligue Féminine. Comment jugez-vous votre évolution au plus haut niveau du 5×5 ?
“C’est évidemment positif. Les résultats avec Bourges en Coupe d’Europe et en championnat de France sont très bons. Je suis venue à Bourges pour gagner des titres, prendre de l’expérience, donc lorsque la possibilité d’y jouer s’est présentée, je n’ai pas refusé après mes années à Charnay. Je voulais passer un cap dans ma carrière, je voulais aller chercher des titres en Ligue Féminine, c’est chose faite. Depuis que je suis à Bourges, je n’ai plus mes études à côté, je n’ai plus à faire des heures de route, faire des devoirs en rentrant. Je ne me consacre qu’au basketball et cela m’aide forcément dans mon évolution individuelle.”

« J’ai souvent refusé l’équipe de France 5×5. Je n’ai pas eu ma médaille à Tokyo, j’aimerais l’avoir à Paris avec le 3×3. C’est ma discipline. Si je pouvais être professionnelle de 3×3, je le serais. »

Cette saison, vous découvrez aussi l’Euroleague féminine. Comment se déroulent vos premiers pas dans la compétition ?
“Le rythme est très intense, on ne rentre pas beaucoup à la maison mais ça nous tient en haleine, pas le temps de s’ennuyer ! On peut faire bien mieux mais les résultats sont positifs, toutes les équipes sont prenables même si beaucoup évoluent depuis plus longtemps que nous dans la compétition. Et puis, après avoir joué tout l’été contre des filles qui jouent en aussi en Euroleague, je suis contente de les retrouver au 5×5. À titre personnel, je suis très contente de découvrir une nouvelle compétition. Il y a quelques différences avec la LFB. Les arbitres laissent davantage jouer malgré les contacts, le jeu est plus rapide… Mais cela me permet aussi de me rendre compte de la forte valeur de la ligue française. Les étrangères nous le disent souvent. En France, des surprises peuvent arriver tous les weekends.”

Nous avons parlé de l’équipe de France 3×3, est-ce que faire partie de celle du 5×5 est également un de vos objectifs ?
“Non, pas du tout ! J’ai souvent “refusé” d’y jouer d’ailleurs. J’ai eu des discussions avec les sélectionneurs des deux équipes, avec la fédération aussi. Ils connaissent mon envie de me consacrer au 3×3. Je n’ai pas eu ma médaille à Tokyo, j’aimerais l’avoir à Paris avec le 3×3. C’est ma discipline. Si je pouvais être professionnelle de 3×3, je le serais.”

En ce qui concerne les JO de Paris, l’équipe de France 3×3 féminine est déjà qualifiée ?
“L’équipe de France la mieux classée parmi celle des hommes ou des femmes sera qualifiée d’office pour la compétition. Pour le moment, nous avons un meilleur classement, plus de points que l’équipe masculine donc c’est pour cela que la qualification est pour nous. Mais ce n’est pas encore fait.

Championnes du monde 2022, les Françaises du 3×3 avaient partagés leur succès avec celui des Bleus bronzés en juin dernier. Photo : FIBA

Pour la petite histoire, l’équipe féminine du Japon, qui est une des meilleures du circuit mondial, avait participé à très peu de tournois pour avoir un minimum de points et redescendre au ranking. Ce qui permettait à l’équipe masculine japonaise de se qualifier directement. Les femmes sont alors passées par le tournoi qualificatif olympique. En France, nous ne sommes pas du tout dans cette optique là. Pour préparer au mieux les Jeux, la meilleure façon c’est de participer au maximum de compétitions. Avec cette stratégie, on devrait normalement être mieux placé au ranking que l’équipe masculine. Avec la création de la Team Paris, qui permet aussi de rapporter des points au classement mondial, on ne sait pas ce qui peut arriver.”

Si vous deviez remettre un autre trophée cette saison, à qui ça serait et pour quelle raison ?
“Je dirais à Elodie Godin, ma capitaine à Bourges. Déjà car elle a 36 ans et elle joue encore ! Parmi tous les clubs dans lesquels j’ai joué, c’est la meilleure capitaine que j’ai eue. Elle est toujours disponible, exemplaire sur le terrain, elle se jette sur tous les ballons. Ce n’est pas elle que l’on voit tout le temps car ce n’est pas une grande scoreuse mais tous ses actes sont hyper précieux pour l’équipe. Dans ce qu’elle dégage, sa combativité, ce sont vraiment des valeurs qui me parlent beaucoup.”

L’ultime question : vous avez tout gagné en 2022, que peut-on alors vous souhaiter pour 2023 ?
« La même chose et surtout une qualification aux Jeux Olympiques. Puis gagner en Coupe de France, que l’on a pas eu l’année dernière (après une défaite après prolongation en finale contre Basket Landes : NDLR). »

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Comment vous habituez-vous à cette nouvelle vie de rock star du basket français ?
“Je ne me considère pas du tout comme cela donc je ne m’y habitue pas. Cela fait surtout plaisir de voir que le travail paye et que l’on est récompensé pour ce que l’on fait. Je suis surtout fière de représenter le basket féminin au 3×3 comme au 5×5. Il y a beaucoup d’engouement autour de moi mais c’est surtout un sport d’équipe. Toutes les équipes de France ont performé. On parle souvent de ce qui a été médiatisé, comme la Coupe du monde. Chez les hommes comme chez les femmes, des médailles ont été remportées.”

Justement, cette Coupe du monde est le point de départ de la saison de 3×3. Une saison qui a démarré avec un effectif modifié de moitié et avec deux générations différentes. Et malgré tout, vous gagnez dès le départ, comment expliquez-vous cette alchimie ?
“Hortense Limouzin et Myriam Djekoundade n’étaient réellement pas de nouvelles joueuses qui découvraient le 3×3. Elles avaient déjà fait du 3×3 avec les U23 et elles participaient au stage de l’équipe de France. Les intégrer était surtout un pari sur le plan physique car on partait avec une petite équipe en taille…

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Photo : Laëtitia Guapo (FIBA)

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