Ce n’était pas gagné d’avance, même à domicile. Mais les deux équipes de France de basket seront bien au rendez-vous des demi-finales des Jeux Olympiques de Paris ! Au lendemain de la métamorphose des garçons face au Canada, les 13 000 spectateurs de Bercy ont de nouveau vibré pour les filles. Face à des Allemandes qui disputaient leurs premiers JO - et donc leur premier quart de finale -, les joueuses de Jean-Aimé Toupane ont construit leur victoire patiemment, à l’expérience.
Gabby Williams (15 points, 6 rebonds, 5 passes décisives, 2 interceptions), Marine Johannès (auteur de son record de points avec 24 unités à 5/10 à 3-points) and co ont été portées par leur défense (13 des 20 pertes de balles allemandes en première mi-temps). Elles ont surtout réussi leur première mission : éteindre la leader adverse, Satou Sabally, dont le réveil fut trop tardif (10 points à 2/7 aux tirs, 6 rebonds... et 7 pertes de balles !).
Satou Sabally parfaitement muselée
Les frissons ont débuté quelques minutes avant les hymnes quand Céline Dumerc, 262 sélections sous le maillot bleu et GM de l’équipe de France, a donné les traditionnels trois coups de bâton. Les émotions de la Marseillaise ont laissé place au jeu, avec la titularisation de Romane Bernies en lieu et place de Marine Fauthoux. La meneuse montpelliéraine n’a pas réussi sa première mission, celle d’arrêter la naturalisée Alexis Peterson, 9 points en 5 minutes (8-11, 5e).
Mais la défense agressive de ses coéquipières, Valériane Ayayi et Gabby Williams en tête, sur les autres Allemandes, notamment leur leader Satou Sabally - 6 pertes de balles sur ses 12 premières minutes ! - ont permis aux Bleues de ne pas perdre le contact. C’est à l’entrée du trio Lacan - Rupert - Johannes (cette dernière étant bien décidée à appuyer sur la gâchette) que les Françaises ont pris l’ascendant en fin de premier quart-temps (23-19).
Un deuxième quart-temps maîtrisé
L’adresse extérieure de Sarah Michel-Boury, pourtant masque sur le nez après sa blessure face à l’Australie, et toujours de Marine Johannès, 12 points en 8 minutes, a accentué l’avance de l’équipe de France (33-21, 15e).
Celle-ci ne se réduisait pas, grâce notamment à 11 pertes de balles provoquées en seulement 13 minutes. Et plus globalement une domination physique illustrée par l’activité de Gabby Williams dans tous les registres (12 d’évaluation à la pause) ainsi que la maladresse allemande à 2-points (29 % à 2-points après 18 minutes, 40-24).
Sous les yeux de David Douillet et Dirk Nowitzki, et malgré un succulent shoot du parking de Marine Fauthoux, les Allemandes gardaient néanmoins espoir grâce aux 9 points de Nyara Sabally avant la pause (45-33).
Le début d’incendie était stoppé par Janelle Salaün et Gabby Williams dès le retour des vestiaires (52-33, 23e) mais quelques braises allemandes continuaient de souffler sur l’équipe de France, qui subissait un 10-2. Mais l’écart ne tombait jamais sous la barre des 10 points (54-43, 27e).
Marine Johannès dans son élément
Le temps faible des Tricolores était mis de côté grâce à l’activité de Leila Lacan et la percussion de Marine Johannes, très inspirée offensivement en fin de troisième quart-temps (66-49)... et en début de quatrième-temps.
Un temps fort confirmé par l’adresse d’Alexia Chery… et la détermination d’Iliana Rupert, 3 contres en une seule action et auteur de son meilleur match de la compétition (9 points, 4 rebonds, 5 contres, 15 d'éval en 19 minutes). Il y a eu le réveil de Satou Sabally, qui marquait enfin son premier panier dans le jeu (73-60, 35e) et une flopée de lancers allemands (29/32 contre 11/14 pour les Françaises).
Il a fallu un dernier tour de vis, et un nouveau panier primé de Marine Johannès, pour définitivement souffler (78-61, 36e)... alors que les Allemandes ont tout donné jusqu’au bout (81-71, 38e). Une dernière Marseillaise suivie d'une ovation est venue couronner ce succès mémorable... alors qu'un spectateur a envahi le terrain pendant de longues secondes sans que la sécurité n'intervienne. Peu importe, c'est gagné (84-71) !
4e demi-finale d’affilée... et des retrouvailles avec la Belgique
Cette victoire est historique pour les Bleues, qui n’avaient jamais atteint le dernier carré olympique avant 2012… et qui ont depuis toujours atteint la demi-finale, remportant l’argent à Londres et le bronze à Tokyo. Pour leur quatrième présence d’affilée dans le dernier carré des JO, les Bleues retrouveront les championnes d’Europe belges, tombeuses de l’Espagne un peu plus tôt dans l’après-midi.
C’est un remake de la demi-finale de l’Euro 2023 - mais avec Johannès et Williams d’un côté, et sans Allemand de l’autre - qui promet, sur le terrain comme en tribunes. Toutes les joueuses se connaissent depuis des lustres. Surtout, ce seront de nouvelles retrouvailles avec le coach français des Belgian Cats, Rachid Meziane, ancien assistant des Bleues de Valérie Garnier.
Dans l’autre partie de tableau, le premier quart de finale de la journée avait tourné à la démonstration pour l’Australie, large vainqueur de la Serbie, qui attend le vainqueur de Nigeria - Etats-Unis dans le dernier carré. Mais ne pas voir Team USA l’atteindre serait un séisme, alors que les Américaines n’ont plus perdu aux JO depuis 1992…
À Paris.