Il y a un an, Valéry Demory quittait Montpellier pour prendre le coaching du Lyon ASVEL Féminin. Un club qui est sous les projecteurs depuis que son président est Tony Parker et qui monte financièrement et sportivement en puissance.
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Votre ancien club Lattes-Montpellier a défrayé la chronique en enrôlant plusieurs internationales et des étrangères de grandes qualité. Que pensez-vous de leur recrutement ?
Je n’ai pas été surpris car je connais un peu les ambitions du nouveau président et aussi d’Edwige (NDLR : Lawson, la Directrice Sportive). Ils affichent leurs ambitions et c’est bien.
Vous êtes resté dix ans à Lattes-Montpellier. Ca n’a pas été compliqué de quitter le club, le soleil, la mer ?
Ce n’est pas le soleil et la mer qu’il a été compliqué de quitter mais tous les amis, tous les liens de travail que j’avais avec cette région, cette ville et ce club. Vous imaginez bien qu’en dix ans on se fait des amis auxquels on tient que ce soit dans le basket ou en dehors. Et d’un seul coup, il faut partir.
Au préalable, au cours de votre carrière de joueur puis de coach, vous n’êtes pas resté aussi longtemps dans un club ?
Le plus longtemps, c’est Cholet, cinq ans. Dix ans, c’est énorme.
C’est Tony Parker qui vous avez appelé pour vous demander de venir à Lyon ? Vous avez dit oui de suite ?
Non, pas tout de suite (sourire). J’ai mis quinze jours, trois semaines, à me décider car c’était compliqué de faire un choix entre venir à Lyon ou rester à Montpellier.
Quel a été son message ?
Le même qu’avec les garçons. Il veut faire un grand club avec les filles ici à Lyon.
Avez-vous souvent des discussions avec lui ?
Oui, quasiment toutes les semaines. C’est sûr qu’il est impliqué dans le club.
Continuez avec Guy Prat comme assistant, c’était fondamental ?
Oui parce que je voulais imposer mon projet à Lyon comme je l’ai fait à Montpellier. Je voulais faire le même travail et réussir de la même manière. Guy était arrivé lors de ma deuxième année à Montpellier donc là c’est notre dixième année ensemble. Je n’avais pas joué avec lui mais contre puisqu’on est de la même génération.
Avec un adjoint que l’on a depuis si longtemps, ce sont des relations professionnelles ou plus que ça ?
On s’entend bien dans la vie de tous les jours mais ce sont surtout des relations professionnelles. On ne part pas en vacances ensemble. On a chacun notre vie de notre côté. On a surtout les mêmes idées sur le plan du basket. On n’a pas forcément la même façon de fonctionner mais c’est ça qui est bien, on est complémentaires. En rugby, il y a l’entraîneur des avants et des arrières et je ne vois pas pourquoi en basket il n’y aurait pas un coach spécialisé pour les pivots et un autre pour les joueurs extérieurs.
Lequel est spécialisé dans les pivots ?
On change assez souvent mais quand on fait du travail spécifique les grandes ne font pas le même travail que les petites.
« Le club a fait le maximum pour Marine Johannès mais elle est restée à Bourges »
Comment doit-on dire pour le club, ASVEL ou Lyon ?
La saison dernière, on a plus dit Lyon Basket Féminin mais je pense que petit à petit l’ASVEL féminin va rentrer dans les mœurs. Encore une fois, c’est dur de bousculer tout ce qui s’est passé à Lyon avant mais malheureusement, si on veut avancer, à un moment, il faut bousculer les barrières.
Au moins, vous ne jouiez pas en vert et vous n’avez pas eu à changer de couleurs ?
On joue en rouge et blanc. Le problème c’est qu’il y avait une identité du basket à Lyon mais il stagnait. Il fallait passer à autre chose si on voulait avancer. C’était Lyon Basket Féminin et là c’est en train de changer. Voilà. Les choses se font petit à petit.
Avez-vous au quotidien des relations avec le staff des garçons ?
Très peu. On est chacun dans notre monde avec des emplois du temps serrés. De temps en temps on se parle un peu mais on ne se voit pas toutes les semaines.
Avez-vous ressenti la saison dernière un grand intérêt pour votre équipe au niveau local et national notamment à l’occasion de l’Open de Paris ?
On est un peu la curiosité car on a un patron qui n’est pas n’importe qui. On est l’équipe de Tony Parker. Sur le plan national, je l’ai ressenti. Sur le plan local, je ne sais pas car ça ne fait pas assez longtemps que je suis dans la ville de Lyon. Tout ce que je peux savoir c’est que le club avance, grandi et la ville de Lyon est en train de voir que c’est un projet qui risque d’aboutir donc ça les intéresse. Je n’ai pas eu plus de sollicitations médiatiques qu’à Montpellier du fait que je suis passé d’un club où ces dernières années on gagnait des titres à un club où tout est nouveau, tout est à faire.
Jouez au palais des sports de Gerland devant de fortes assistances, c’est valorisant ?
Oui, c’est valorisant mais on ne peut pas faire tous les matches à Gerland. D’une part parce qu’on n’a pas tout le temps la salle et puis, deux, il faut réfléchir à comment la remplir. 6 000 spectateurs (il siffle), ça ne se remplit pas comme ça pour du sport féminin. Ça change aussi les repères pour les filles notamment au niveau de l’adresse de passer d’une petite salle à une salle immense.
Vous aviez joué dans ce palais des sports ?
Un Tournoi des As, un match contre Jet Lyon et un match avec l’équipe de France. Le toit est très haut, c’est spécial. Je ne sais plus si ça changeait mes repères… C’est trop loin ! (sourire)
Donc cette saison, l’objectif c’est le top 3 national et une qualification pour l’Euroleague ?
C’est de faire mieux que l’année dernière et si on pouvait décrocher une place en Euroleague, ça serait parfait.
Avec la Brésilienne Clarissa Dos Santo et la Canadienne Michelle Plouffe, vous avez recrutez deux étrangères de Ligue Féminine. C’est plus sûr ?
Non mais déjà les meilleures françaises, on ne pouvait pas les avoir. Le club a fait le maximum pour Marine Johannès mais elle est restée à Bourges. Aussi après on a pris une orientation différente. On a essayé de prendre des filles qui nous convenaient, des valeurs sûres.
« J’ai 55 ans, j’ai un projet ici qui me passionne, je ne me vois plus partir chez les garçons maintenant »
Vous avez suivi la saison de Alysha Clark en WNBA, elle qui a été sacrée championne avec le Seattle Storm ?
J’ai vu deux matches mais je la connais depuis longtemps, ça fait quatre ans que je la scoute. J’ai vu quelques matches d’elle en Euroleague la saison dernière.
Vous avez eu Fatimatou Sacko à Lattes-Montpellier. C’est un peu la Florent Pietrus du basket féminin ?
C’est tout à fait ça. C’est une joueuse fidèle qui a ses défauts et ses qualités mais j’aime sa générosité et puis je pense qu’elle se sent bien avec nous. Il me fallait des joueuses en qui j’ai une totale confiance et qui ont confiance en mon basket.
Ingrid Tanqueray, c’est votre petit lutin. S’est-elle pleinement remise de son opération au genou ?
Complètement. Physiquement, elle est à 85% de ce qu’elle peut faire et c’est déjà bien. Elle a bien bossé. Elle est très sérieuse, très professionnelle. Elle est récompensée de son travail. Elle est déjà prête.
Est-ce un drame lorsqu’on a une telle blessure ?
Il y en a de plus en plus, oui. Sur le moment c’est un drame mais après la vie continue et on fait ce qu’il faut pour revenir.
Y a-t-il un accompagnement, entre guillemets, psychologique ?
Il faudrait lui poser la question mais je pense qu’elle n’en a pas eu besoin. Je l’ai vu très vite après son opération dans la rééducation et très vite avec la banane. Elle savait exactement ce qu’elle devait faire. Je ne pense pas qu’elle ait eu besoin de quoi que ce soit.
Kendra Chery est l’une des vice-championnes du monde U17 comme numéro 4. Vous allez en faire une numéro 3 ?
C’est une fille qui a toujours joué poste 4 et on est en train d’essayer de la mettre en 3 mais ça ne va pas se faire en un an mais en trois ou quatre. Elle est jeune, elle n’a pas 18 ans ! Par contre, c’est une énorme bosseuse. Elle est tout le temps à 120%. Si elle vient avant l’entraînement, c’est une demi-heure avant à 120%, si elle continue après, c’est à 120%. Quand elle joue, elle est à 120%. Elle est tout le temps à fond. Techniquement, il y a du boulot mais elle avance. Elle sait ce qu’elle veut, elle a un gros mental et elle bosse comme une folle ; je pense que c’est une fille qui va réussir.
Les filles de grande valeur peuvent jouer tôt en Ligue Féminine ?
C’est ce que l’on va essayer. La dernière qui s’est vraiment imposée en Ligue Féminine, c’est (Alexia) Chartereau. Celle qui m’avait le plus impressionné, c’est Sandrine Gruda. Elle est arrivée (NDLR : à Valenciennes) et dès la première année, boum !, dans le cinq. C’est encore plus rare.
Vous avez trois internationales dans trois équipes différentes à la Coupe du monde (Marième Badiane avec la France, Julie Allemand avec la Belgique et Michelle Plouffe avec le Canada). Ça leur laisse peu de temps pour s’intégrer à cette nouvelle équipe avant l’Open ?
(Rires) Je sais. Bourges et Montpellier sont dans le même cas. C’est comme ça. Le problème c’est que le championnat du monde est très tard. On le recule tout simplement pour faire plaisir à la WNBA. Alors forcément on paye un peu les pots cassés mais c’est comme ça.
Ensuite, les fenêtres internationales en hiver perturbent-elles la saison ?
Oui. Je pense qu’il y aurait moyen de faire autre chose. Peut-être un jour je serai dirigeant, ce n’est pas encore le cas, aussi je ne réfléchis pas aux solutions mais je pense que c’est à eux, ces dirigeants qui sont rémunérés pour ça, de trouver une solution. C’est chiant, on s’arrête pendant quinze jours, on reprend. C’est comme le rugby qui continue à jouer alors que les internationaux ne sont pas là.
Au moins dans le basket les championnats nationaux de club s’arrêtent…
On arrête mais parfois quand trois ou quatre sont parties, on se retrouve à six à l’entraînement. Heureusement qu’il y a les jeunes pour s’entraîner un peu. Tu perds en rythme, c’est terrible. Et quelques fois, tu les récupères blessées (rires).
Vous êtes passionné de chevaux. Est-ce une activité que vous pouvez poursuivre à Lyon ?
Je ne montais pas à Montpellier car il n’y avait pas de centre d’entraînement, je ne monte pas à Lyon. Je n’ai plus le temps. Quand tu es joueur c’est plus simple. Il n’y a rien à préparer. Tu arrives à l’entraînement, tu mets tes godasses et lorsque l’entraînement est terminé, c’est fini. Coach, il faut tout prévoir, tout penser, tu as beaucoup moins de temps. Je ne monte que l’été quand je suis en vacances.
D’une façon générale, est-ce que ça change la vie d’être dans une grande métropole ?
Enormément. Le moyen de transport change. Les sorties aussi. Quand je parle de sorties, je ne parle pas rentrer à 5h du matin, mais il y a davantage de choses à faire, aller au cinéma, manger en ville. Le centre de Lyon est très beau. Je ne prends presque plus la voiture, je prends les transports en commun comme un Parisien.
Maintenant que vous êtes à l’ASVEL, vous allez demeurer dans le basket féminin jusqu’à la fin de votre carrière ?
Oui… J’ai 55 ans, j’ai un projet ici qui me passionne, je ne me vois plus partir chez les garçons maintenant. J’ai signé cinq ans et j’espère faire plus. La retraite chez les coachs, c’est quand tu n’as plus envie de transmettre ta passion et de partir à droite, à gauche. Pour l’instant, je ne sais pas quand je vais m’arrêter.
A Montpellier, vous conduisiez souvent les mini-bus. Ce n’est plus le cas ?
Je le faisais quasiment tout le temps à Montpellier. L’année dernière, j’ai encore pas mal conduit les mini-bus mais ça ne me dérange pas. S’endormir après les matchs, c’est impossible et puis j’aime bien conduire.
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Votre ancien club Lattes-Montpellier a défrayé la chronique en enrôlant plusieurs internationales et des étrangères de grandes qualité. Que pensez-vous de leur recrutement ?
Je n’ai pas été surpris car je connais un peu les ambitions du nouveau président et aussi d’Edwige (NDLR : Lawson, la Directrice Sportive). Ils affichent leurs ambitions et c’est bien.
Vous êtes resté dix ans à Lattes-Montpellier. Ca n’a pas été compliqué de quitter le club, le soleil, la mer ?
Ce n’est pas le soleil et la mer qu’il a été compliqué de quitter mais tous les amis, tous les liens de travail que j’avais avec cette région, cette ville et ce club. Vous imaginez bien qu’en dix ans on se fait des amis auxquels on tient que ce soit dans le basket ou en dehors. Et d’un seul coup, il faut partir.
Au préalable, au cours de votre carrière de joueur puis de coach, vous n’êtes pas resté aussi longtemps dans un club ?
Le plus longtemps, c’est Cholet, cinq ans. Dix ans, c’est énorme.
C’est Tony Parker qui vous avez appelé pour vous demander de venir à Lyon ? Vous avez dit oui de suite ?
Non, pas tout de suite (sourire). J’ai mis quinze jours, trois semaines, à me décider car c’était compliqué de faire un choix entre venir à Lyon ou rester à Montpellier.
Quel a été son message ?
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Photos: Valéry Demory (Lyon ASVEL féminin), Ingrid Tanqueray (LFB, Hervé Bellenger)