Le jeune intérieur prodige de Boulogne-Levallois, Victor Wembanyama, a été un des artisans majeurs de la victoire des siens, ce mardi soir, sur le parquet de Nanterre (72-82). Et, pour ce qui était le dernier match de sa jeune carrière française, sur le parquet de son club formateur, il n’a pas manqué de rendre hommage au public banlieusard, dans des moments touchants d’effusion et de communion. Il a l’avenir et le monde devant lui. Alors que Nanterre va décider cette semaine, d’un choix crucial pour son avenir dans l’Elite.
A la fin du match, d’abord happé par la joie de ses coéquipiers, qui signaient une victoire probante, dans l’optique de sécuriser la deuxième place du classement, il s’est tourné vers les tribunes du palais des Sports Maurice-Thorez, bourré à bloc ce soir là, il a dessiné un cœur avec ses deux mains et a salué ainsi tout le public nanterrien, d’une tribune à l’autre. Avant de faire un tour d’honneur avec l’équipe de Nanterre, puis de se plonger dans les bras tendus du kop des supporters de Nanterre 92. « Victor a montré de l'émotion, avec le public, avec l'équipe, j'ai beaucoup apprécié ce qu'il a donné à la fin du match » dira son ex-coach Pascal Donnadieu.
Oui, à sa façon, Victor Wembanyama venait de boucler la boucle de son histoire avec son club formateur (de 2014 à 2021). Et il y avait visiblement pour lui beaucoup d’émotion, de feeling, dans ces minutes d’après-match. Par contre, il n’y avait pas eu de sentiment sur le terrain, pendant le match, où il a été encore une fois un compétiteur féroce, déjà en mode double –double , après à peine un quart d’heure de jeu (14 points-10 rebonds) ! Nanterre a lutté, résisté, après un départ catastrophique (0-12, 3ème), a réussi à revenir dans le match 47-46 (20ème), mais avec un secteur intérieur sinistré (Hamady N’Diaye absent pour blessure), il était difficile de contenir les Mets très longtemps. Avec seulement 25 points inscrits en deuxième mi-temps, les hommes de Pascal Donnadieu étaient impuissants, et broyés au rebond (55-32). Bien soutenu par un Tashaun Thomas de gala (21 points, 8 rebonds, 2 passes), Victor Wembanyma quittait le parquet qui l’avait vu grandir au basket, avec la tête haute. Il ne sera pas envoyé en conférence de presse (dommage !), mais il faisait l’objet de presque toutes les questions, et son nom revenait dans toutes les analyses.
« Mettre la balle à l'intérieur, à chaque match on le fait. Car quand on a un joueur comme Victor, évidemment ça rend tout plus facile » commentait Devante Jones, le meneur des Mets. « On ne s'attendait pas à un match facile, même si on a bien débuté. Nanterre a pu revenir, avec de bons tirs et l'appui et le bruit de son public. Mais on a continué à défendre à mettre la balle à l'intérieur, à jouer notre jeu ». Oui, il était difficile de s’opposer à Wembanyama, et de trouver les clés pour verrouiller son jeu. surtout pour une équipe dans la configuration qui était celle de Nanterre ce mardi soir. « Avec un secteur intérieur sinistré, et la blessure de Ndiaye, il fallait tenter des choses face à une équipe comme les Mets, avec un joueur comme Victor. On a essayé, notamment une double boîte sur le meneur et sur Victor. Ça a marché un temps, mais ça a appauvri le rebond. Il fallait faire des paris » commentait Pascal Donnadieu, le coach de Nanterre.
Lucas Dussoulier qui dépensa pourtant une belle énergie défensive à essayer de contrarier la tour des Mets, en convenait aisément. « Défendre contre Victor Wembanyama, forcément c'est très compliqué. Il est très grand, il lit le jeu, il peut shooter, passer, il sait tout faire. On peut agir au niveau de ses jambes, l'impacter au niveau de ses jambes, le gêner. J'ai fait ce que je pouvais, je n'étais pas seul mais coéquipiers m'ont bien aidé, on était à 5. Mais c'est un très fort joueur il l'a encore montré ce soir ». Oui, mais pourtant, Wembanyama (25 points et 17 rebonds au final), comme le soulignait son coach Vincent Collet a tout de même été perturbé dans sa réussite aux shoots. «Victor termine à 32 d'évaluation, malgré son 6 sur 18 aux tirs, ce qui n'est pas bon pour un joueur comme lui. Mais ça montre à quel point il est dominant » commentait-il. Avant de constater tous les progrès que cette saison engendre pour son jeune joueur. « Aujourd’hui, Victor ressort plus vite, il transfère la balle, il fait des passes qu’il ne faisait pas avant. Et , malgré son très jeune âge, il est très soucieux du fonctionnement de l'équipe, de ce qu'il peut apporter au groupe. Il a un côté très fédérateur ».
Pascal Donnadieu : stop ou encore ?
Les Mets vont donc continuer leur chemin avec lui, en playoffs, pendant que Nanterre va vivre une semaine décisive. C’est en effet dans le courant de cette semaine, que le staff du club va décider , en concertation, du choix de Pascal Donnadieu de continuer à coacher. « Ce soir, je ne dirais pas que j'ai un sentiment de fierté. Mais du devoir accompli » analysait-il à un match (au Mans) de la fin d’une saison chaotique et dangereuse pour son club. Quand je me souviens qu'en décembre on se retrouve avec 4 joueurs majeurs blessés, qu’on se trouve à un moment avant-dernier au classement… On est arrivé aujourd'hui à sauver l'essentiel. On est monté en 2011, on vient de faire notre 13e saison dans l'élite. Mais aujourd'hui en terme de budget et de structure, on est rentré dans le rang ; on a le 13ème budget. L'an prochain il aura sans doute moins de masse salariale, ça va être compliqué, avec une saison à trois descentes ». Il ne sait pas encore s’il abordera cette nouvelle saison sur le parquet, aux manettes du coaching, ou en retrait du terrain, dans un rôle de directeur technique. « On n’a pas de directeur technique, de manager général, on est le club le moins staffé de l’Elite » observait-il. « On va se réunir avec le staff cette semaine, pour décider de ce que je vais faire. Je ferai le mieux pour l'intérêt du club. Si on considère que je dois coacher encore une année, je le ferai. Si on considère que le club a besoin de moi comme directeur technique, je le ferai. Ce ne sera pas mon choix mais celui du club ».
A Nanterre
Photo : Nanterre 92
