20 ans après le triplé du CSP Limoges (Championnat de France, Coupe Korac, Coupe de France), Yann Bonato revient à Beaublanc pour évoquer cette saison 2000 historique, relatée par le livre Bonnes vacances, ouvrage publié par le magazine Entorse.
« On a entendu beaucoup de choses, des parasites… Limoges est l’équipe de l’année, bonnes vacances ! » À l’issue de la finale du championnat de France remportée par Limoges sur le parquet de Villeurbanne, Yann Bonato avait lâché cette réplique, devenue culte. 20 ans plus tard, l’ancien international et capitaine de cette équipe légendaire se livre dans un entretien réalisé par François Chevalier et Jérémy Le Bescont pour le magazine Entorse.
« Tout a été complètement incroyable depuis le début. De l’intérieur, c’est presque un scénario hitchcockien. C’est du délire du début à la fin parce qu’on ne doit pas faire cette saison, on ne doit pas gagner. A l’intérieur, on est passés par toutes les émotions. »
Pour cause, dès le début de saison, le CSP connait des difficultés financières sans précédent. « L’affaire Limoges » prend de l’ampleur et chaque match joué peut potentiellement être le dernier, avant une cessation de paiement inévitable. Le 12 janvier 2000, les Limougeauds sont convoqués.
« Les dirigeants restants nous ont expliqué que c’était la fin. À ce moment-là, on se rend compte que ce n’est pas normal. Même si, à Limoges, il se passe toujours beaucoup de choses. […] Quand Claire Chazal ouvre le journal de 20h avec nous, on voit qu’il y a une résonance. On est au milieu de quelque chose qui nous dépasse, c’est évident. Tout le monde nous regarde, on se rend compte qu’il faut être à la hauteur de ce moment. »
C’est alors que les joueurs de Limoges, à commencer par Frédéric Weis, baissent leur salaire, à l’unisson, pour « sauver le club ». Suivent alors de nombreuses victoires, notamment celle à Pau. Mais aussi celle en coupe d’Europe, la fameuse Coupe Korac.
« Au bout d’un moment, [il y a quelque chose qui] s’est passé dans la tête des gars. On veut rester en vie, on veut sauver le club. On sent qu’on commence à monter en régime, on devient ambitieux, on a les moyens de notre ambition. On a une mission, on veut gagner et marquer l’histoire de ce sport. »
Yann Bonato lui-même définit cette saison, avec les supporters de l’âme de Beaublanc, comme celle qui l’a « vu passer d’un bon joueur de basket, peut-être scoreur-égoïste, à capitaine, en capacité de partager ». Finalement, le CSP s’adjuge un triplé historique, non sans émotions.
« À la fin, on était tous épuisés parce que la saison avait été émotionnellement et physiquement très dure avec Dusko [Ivanovic, coach du CSP cette saison-là, NDLR]. Personnellement, j’étais épuisé, amaigri, fatigué. Pratiquer un sport de haut niveau, c’est dur. Donner du sens à une carrière, c’est encore autre chose. Et quand on l’impression de donner du sens, c’est ça qui génère le moteur de se lever le matin, d’avoir mal. Objectivement, si j’étais resté à Limoges, j’aurais pu jouer plus longtemps, c’est une évidence. Je n’ai plus jamais senti la même flamme après. À mon sens, 2000 a fait de moi une meilleure personne. »
La vidéo a été tournée avec les moyens techniques du CSP Limoges qui la diffuse sur ses réseaux sociaux pour célébrer les 20 ans du triplé et le succès du livre Bonnes vacances qui est bientôt sold out.
La vidéo, réalisée par Tommy Hombert :
Photo : capture d’écran vidéo / Limoges CSP / Entorse