Le quotidien Le Progrès a réalisé un dossier très complet sur « Le Stress chez les entraîneurs » en interrogeant notamment plusieurs acteurs du basket dont l’ancien toubib de l’équipe de France Vincent Cavelier, qui est aussi celui de la Chorale de Roanne.
« Ils ont énormément de problèmes de couple et de vie de famille. On remarque que les coachs qui réussissent à avoir une stabilité professionnelle sont ceux qui ont une grosse stabilité familiale. Ils ne sont jamais chez eux, ne voient pas souvent leurs proches. C’est un métier de folie ! Beaucoup divorcent. Ça oui, c’est un vrai fléau », indique t-il.
Mais pour Vincent Cavalier, qui observe la profession depuis longtemps, les entraineurs de haut niveau font davantage attention à leur hygiène de vie:
« Il y a de gros problèmes de sommeil. C’est assez remarquable. Ils ont des vies complètement déréglées. Des troubles alimentaires également. J’ai connu des coachs qui prenaient du poids car le stress les faisait manger. Mais d’une manière générale, la plupart ont une hygiène de vie exemplaire. Il y a trente ans, ça fumait, ça picolait beaucoup. On en voit moins qui fument aujourd’hui ou qui ont une addiction à l’alcool. C’est vrai qu’il y a eu des accidents vasculaires, des infarctus, mais pas plus que la moyenne. »
Coach de Montrbrison (LF2) après avoir longtemps oeuvré au plus haut niveau, comme joueuse puis comme coach, Corinne Benintendi évoque le fait que le métier est extrêmement prenant:
« Dans la saison, à un moment donné dans la semaine, elle peut arriver, oui. C’est un job qui prend sept jours sur sept. Ça dure neuf mois où, là, on est dedans à 100 %, tous les week-ends. On a repris début janvier, on a eu zéro week-end de libre. Et quand ça coupe, on est encore dans le job, on pense déjà à l’année d’après. Moi, en plus, j’ai un coaching très participatif. Je bouge, je saute, je parle beaucoup pendant un match ou à l’entraînement. J’aimerais être assise sans bouger, mais je n’y arrive pas. Et ça fait 25 ans que j’entraîne… »
L’ancienne internationale a conservé une silhouette parfaite au fil du temps car elle entretient son corps au quotidien:
« Je cours tous les jours, tous les matins ou le midi. J’ai 56 ans et je n’ai jamais arrêté de courir. J’en ai besoin, ça m’enlève du stress. J’évacue mes toxines. Je ne m’arrêterai jamais. J’ai une vie saine, l’alimentation, tout va avec. Je peux encore courir avec les joueuses. Je pourrais être leur grand-mère presque. »
Quant à Alain Thinet, toujours très actif à 65 ans puisqu’il est coach de Saint-Chamond, en Pro B, quand on lui demande ce qui est le plus stressant dans une semaine, il répond:
« Le match par lui-même. Ce n’est pas de gérer un groupe car j’arrive à constituer un collectif réceptif. Je fais en fonction, pour ne pas avoir le stress à chaque entraînement sur quels visages vont avoir certains joueurs. Je m’attache vraiment à la composition du groupe, à ce qu’il y ait un bon état d’esprit. Après, il y a des conflits mais ça ne me stresse pas plus que ça. Mais le match par lui-même est stressant car il faut un résultat. On est soumis à la réussite du club pour lui permettre de grandir. C’est stressant par rapport à la responsabilité. On nous confie une équipe et il faut l’amener là où les dirigeants veulent. C’est ça le plus difficile. »
Photo: Vincent Cavelier (Chorale de Roanne)