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Vincent Collet: « L’avantage de l’Allemagne sur nous, c’est qu’elle est très hiérarchisée »

Pour la conférence de presse du jour, le coach Vincent Collet a pris le temps d’évoquer l’adversaire de demain en huitièmes de finale, l’Allemagne, son meneur étoile, Dennis Schroeder, tout en revenant longuement sur les faiblesses de sa propre équipe.

Pour la conférence de presse du jour, le coach Vincent Collet a pris le temps d’évoquer l’adversaire de demain en huitièmes de finale, l’Allemagne, son meneur étoile, Dennis Schroeder, tout en revenant longuement sur les faiblesses de sa propre équipe.

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Qu’avez-vous dit aux joueurs pour qu’ils soient meilleurs demain?

C’est évident qu’il faut que l’on soit meilleurs pour passer ce huitième de finale. Il faut que ces deux derniers matches nous servent de prise de conscience, de remise en question. Une remise en question individuelle mais qui se fasse dans le collectif. C’est important que chacun élève son niveau mais au service de l’équipe. Il ne faut surtout pas que quelques uns puissent penser que leur simple réaction individuelle puisse suffire pour nous permettre de gagner demain. Il faut faire les choses ensemble de façon très simple. C’est d’abord en défense que cette action doit s’opérer même si en attaque on a besoin de mieux faire vivre la balle, d’être plus rigoureux dans notre façon d’attaquer. Le dernier match en est l’exemple parfait. On ne jouait pas très bien au début en attaque mais on a beaucoup marqué et il y avait 22 à 20 à la huitième minute, mais on était déjà en difficulté dans le domaine défensif. Et ça on ne pourra pas se le permettre dans un match couperet. On sait que nos adversaires vont eux-aussi élever leur niveau défensif. Toutes les équipes le font dans ces matches-là. Il y a une progression très très importante à réaliser car ce que l’on a montré dans ce secteur là depuis le début, c’est faible.

L’équipe de France a pris la mauvaise habitude de très mal démarrer ses matches. Un changement dans le cinq de départ peut-il être un déclic ?

C’est notre débat entre coaches depuis deux jours. On hésite. Maintenant, c’est tellement un problème collectif que stigmatiser l’un ou l’autre c’est aussi difficile à faire. L’effort défensif que l’on doit consentir est à partager et en particulier en ce qui concerne le cinq majeur. Ils le savent, aussi c’est plus cette réaction que l’on doit avoir que le simple fait de changer le cinq. Ce que l’on se dit qui ne va pas dans le sens de changer le cinq, c’est que de toutes façons, il faudra bien que ces joueurs fassent cet effort-là car on aura besoin d’eux pour gagner. On ne va pas gagner simplement avec nos remplaçants. C’est plus la prise de conscience et la réaction globale qui va importer plus que le changement de cinq. Par contre, si je ne le change pas -pour l’instant je n’ai pas encore trancher-, peut-être être plus réactif par rapport aux mauvais comportements défensifs. Sans se référer à l’évolution du score. Contre la Slovénie, au début, il n’y avait pas de soucis au score, par contre quand on menait 13 à 10, on avait déjà pris trois paniers ennuyeux alors que nous, on avait marqué des paniers de basket parfois difficiles mais sans qu’il y ait d’erreurs défensives de leur part. Alors que nous, sur les 10 points inscrits, il y avait déjà 6 points de cadeau. C’est ça que l’on va essayer de beaucoup plus observer.

Et s’il y a des changements dans le cinq de départ, ça serait intérieur ou extérieur?

Ca pourrait être un de chaque.

Ca serait une option de lancer Axel Toupane en mission d’entrée?

Ca fait partie, effectivement, de notre réflexion. Personne ne peut ralentir Schroeder tout seul. Notre meilleur défenseur peut le ralentir davantage mais c’est l’effort collectif. Le match que l’on a joué en préparation, il a marqué la moitié de ses points sur des situations de transition où on n’a pas su assez l’entourer. Pour l’empêcher d’aller au panier, il faut faire ce que les équipes faisaient contre nous avec Tony (Parker). A savoir que c’est le réseau défensif qui était missionné. Après, bien sûr, tu envoies une première ligne et Axel pourrait être celle là, mais il ne pourra pas tout seul le stopper. Peut-être sur certaines séquences pourra t-il le faire mais il faudra qu’on ait les aides défensives adéquates.

« Si tu laisses notre équipe courir, ce qui était le cas en préparation quand rien n’était ciblé ou scouté, on était dur à arrêter. Aujourd’hui les équipes nous laissent moins de jeu rapide »

Vous avez réalisé une vidéo sur les erreurs défensives de mercredi. Vous attendez donc que ça soit mieux huilé?

Oui, c’est indispensable que ça le soit mieux mais ce qui est problématique, c’est qu’il y a des choses que l’on ne fait pas bien et sur lesquelles on insiste depuis le 29 juillet. Chez moi c’est un dada de ralentir la balle sur la transition offensive des adversaires. Il y a des comportements qui ne sont pas corrects, c’est sûr. On n’a pas le choix, il faut qu’on y arrive. J’espère que l’enjeu, le fait que ça soit un huitième de finale, va faire monter ça. Ce n’est pas comme certains gestes techniques que l’on ne peut pas apprendre dans la journée. Oui, je l’espère car ça, il suffit de le décider. C’est d’ailleurs le discours que j’ai tenu tout à l’heure. S’ils veulent le faire, ils vont le faire. La responsabilité est très claire.

C’est un peu ce que vous avez fait cette année avec Strasbourg où vous étiez partis de loin?

Oui et c’est ce que j’essaye de faire avec toutes mes équipes, les équipes de France précédentes aussi. C’est capital dans le basket européen. Le fait de ralentir une équipe et de l’obliger à jouer demi-terrain, c’est pas nous ou d’autres équipes, ce sont toutes les équipes. Le pourcentage sur demi-terrain descend de façon drastique. Il y a des équipes qui sont à 40-45% sur demi-terrain alors que sur l’open court, elles sont à 55 ou 60. Si tu laisses notre équipe courir, ce qui était le cas en préparation quand rien n’était ciblé ou scouté, on était dur à arrêter. Aujourd’hui les équipes nous laissent moins de jeu rapide. On en marque encore parce qu’on a une capacité à le faire. La Slovénie, c’est pareil avec Dragic, l’Allemagne c’est pareil avec Schroeder. C’est l’un des enjeux du match et si on est déjà faible là, on se met dans la difficulté tout de suite. C’est vrai contre toutes les équipes. Toutes les équipes ont un meilleure pourcentage sur le terrain ouvert que sur l’attaque demi-terrain. Donc quand tu es en défense, ton travail consiste à ce qu’il y ait le moins possible de terrain ouvert. Ca veut dire qu’il faut une concentration, une attention et nous, malheureusement, là-dessus on est faiblard. La différence avec Strasbourg, c’est que ça ne se passe pas en un mois. Je suis arrivé début novembre et je ne pense pas que l’on ait fait ça avant janvier, février. Il en a fallu des séances alors que là, on ne les a pas. On ne peut pas faire vingt séances dédiées au repli défensif.

Et puis Frank Ntilikina donnait l’exemple?

Oui mais Frank ne jouait pas toujours. Parfois, il y avait Erving Walker et ce n’est pas un premier de la classe. Mais malgré tout, on ralentissait la balle quand même. Et à côté les grands n’étaient pas tous des spécialistes défensifs. Ca va au-delà de ça. C’est de la concentration et surtout c’est l’importance que tu accordes à ce secteur de jeu. C’est bien que vous en parliez là car on en parle rarement. Souvent on évalue les joueurs sur des critères particuliers, les points marqués, les rebonds, les passes décisives mais il y a beaucoup d’autres choses dans le jeu. Nous, les coaches, on évalue beaucoup d’autres choses: celui qui pose les écrans, qui fait les petits gestes pour ralentir la balle… ou qui les fait pas. Ca sanctionne aussi le niveau des joueurs.

« Il faut que l’on change de comportement par rapport au corps arbitral. C’est quelque chose qui était acquis les années précédentes et qui cette année a été malheureusement remis en cause »

Qu’attendez-vous d’Evan Fournier demain, lui qui reste sur trois matches un peu en-dedans et qui aurait même pu être suspendu pour ce huitième de finale?

En ce qui concerne le match contre l’Islande, il était tombé la veille contre la Grèce et le docteur m’avait demandé de l’économiser au maximum mais pour les deux autres, je ne contredis pas ce que vous dites. Je vais être dans ce que je vous dit depuis le début… La même chose que les autres. Qu’il réagisse et en même temps, qu’il ne surjoue pas. Que cette réaction s’inscrive dans le collectif. On fera en sorte d’exploiter ses grosses qualités de pourfendeur de défenses et qui nous sont très utiles, mais il faut qu’il soit focus sur les objectifs de l’équipe. Lui comme les autres. Et en attaque, faire un peu mieux sur la patience offensive, sur le fait que l’on gère un peu mieux le rythme du match. Ce qui est important pour toutes les équipes et un peu plus pour la notre car on ne montre pas que l’on défend bien. Et une des façons de mieux se comporter face à un adversaire quand on ne défend pas très bien, c’est de ne pas lui donner la balle sans arrêt. Le basket en huit secondes pour nous, c’est comme si on se mettait un coup de couteau dans le ventre.

Y a t-il eu une discussion, un recadrage avec Evan, en rapport avec son attitude?

Il va y en avoir une, c’est important et elle va être accompagnée d’une ligne de conduite pour le reste de l’équipe. Il faut que l’on change de comportement par rapport au corps arbitral. C’est quelque chose qui était acquis les années précédentes et qui cette année a été malheureusement remis en cause. Il faut que l’on se concentre sur ce que l’on a à faire et surtout pas sur ce que l’on ne peut pas contrôler. J’ai comme tout le monde un avis sur l’arbitrage mais ça ne m’intéresse pas d’en parler.

L’Allemagne n’a pas que Schroeder comme atout. Peut-on parler des autres comme (Johannes) Voigtmann (2,09m, 29 ans, Vitoria)?

L’avantage que cette équipe là a par rapport à nous, c’est qu’elle est très hiérarchisée. Chez nous, c’est parfois plus compliqué de percevoir ça. Un peu comme on a pu l’être à une époque, Schroeder est le leader offensif et autour de lui, il y a des joueurs dangereux. (Robin) Benzing (2,08m, 28 ans, Saragosse), qui n’a pu jouer contre nous le match de prépa, et dont on sait le danger qu’il représente dans les tirs extérieurs. Je pense contre nous aussi dans le postup. Ils ont une forme de jeu où ils font poster leurs 3 et je pense qu’on aura le droit de la défendre demain car ils vont certainement nous cibler sur cette action là. Leurs intérieurs sont de bons joueurs de basket, que ce soit (Danilo) Barthel (2,07m), 25 ans, Bayern Munich), Voigtmann. Il y a une vraie capacité à alterner jeu intérieur et jeu extérieur. C’est une équipe allemande, relativement disciplinée et chacun à un moment arrive à trouver un champ d’expression. Il y a de bonnes individualités comme partout, j’en ai citées, il y a aussi (Karsten) Tadda (1,90m, 28 ans, Oldenbourg), (Lucca) Staiger (1,96m, 29 ans, Bamberg), qui en 2013 nous avait martyrisé à trois-points. Contre l’Italie, Tadda a mis des tirs à trois, il se sacrifie en défense. C’est une équipe en place plutôt bien lancée car même son match contre la Lituanie était un match solide. Ils ont juste plié sous la valeur athlétique des Lituaniens. ils ont beaucoup souffert du jeu intérieur (Donatas) Motiejunas-(Jonas) Valanciunas.

« On sait aussi que l’on est français et que parfois le fait d’arriver avec beaucoup de questionnements, c’est parfois mieux que d’avoir certaines certitudes »

Faut-il accepter que Dennis Schroeder fasse un peu son show et l’isoler ou concentrer ses forces sur lui?

Comment l’isoler (sourire)? On ne peut pas ne pas s’en occuper car ça n’interdit pas aux autres de pouvoir faire des choses. Dans le passé on faisait des box and one, c’est à dire que quatre défendaient en carré et on coupait complètement le joueur. Déjà, il faut avoir les jambes pour le couper totalement. Beaucoup d’équipes ont essayé avec Tony et ça ne marchait pas forcément. Et puis, quand on fait ça, ça libère un peu trop les autres. La vérité est au milieu. Ce qu’il faut accepter avec ce type de joueur, c’est qu’on ne peut pas le mettre à zéro. A un moment, il va sortir de sa boîte et sa grande classe va faire qu’il va réussir des exploits. Mais s’ils ne survivent qu’avec des exploits, ça peut être intéressant pour nous, surtout si on ne sacrifie pas trop de choses pour l’obliger à faire des exploits. On doit être suffisamment organisé pour lui rendre la vie difficile mais sans que ce soit les autres qui en profitent. Trois joueurs sur lui, non. Mais il faut avoir sur lui une attention particulière. Ce type de joueur peut marquer 35 ou 40 points comme le faisait parfois Tony. Les autres ne faisaient pas beaucoup mais ses 35 points suffisaient pour que l’on gagne les matches. D’autant qu’ils ont ce côté discipliné dont je parlais. Les autres, même s’ils ne sont pas très impliqués par séquence, continuent de faire le job, à défendre, à courir, à lui faire les écrans. Ils ne se découragent pas, il ne faudrait pas compter sur cet aspect-là. Il suffit de prendre deux paniers de Benzing à trois-points qui s’ajoutent à tous les paniers à trois-points de Schroeder et tout de suite, tu es en danger. Il ne faut donc pas faire ce pari là mais par contre, il n’y a pas de raison de prendre de la grêle de partout. Notre volonté est donc de défendre les shooteurs car c’est une équipe de shooteurs plus Schroeder. Ils sont difficiles à défendre car il faut défendre haut, ce sont des shooteurs, défendre avant, pour que les shooteurs en question n’aient pas beaucoup de temps d’avance pour armer. Il faut défendre sur eux tout en étant capable de se refermer autour de Schroeder. Si on défend en interception sur les shooteurs, ce n’est pas cinq fois qu’il va passer, c’est quinze ou vingt. A Berlin, Axel avait défendu sur lui et il avait commencé par se faire trouer deux fois. On parle d’une grande vitesse. Pour moi, il est encore plus vite que Dragic.

Vous avez vécu beaucoup de match-couperet avec l’équipe de France. Ressentez-vous encore plus de pression car le contexte est difficile, vous risquez d’être sortis très tôt dans la compétition mais vous êtes tout de même un peu favoris contre l’Allemagne?

La pression vient surtout de ce que l’on a affiché. Je ne sais pas si on est favori ou pas, je vous laisse le soin de le dire, mais en tous cas, on veut gagner et ce que l’on a affiché sur les deux derniers matches n’est pas rassurant. C’est sûr que ça nous met une pression supplémentaire car on ne vient pas ici avec toute la sérénité espérée. Après, on sait aussi que l’on est français et que parfois le fait d’arriver avec beaucoup de questionnements, c’est parfois mieux que d’avoir certaines certitudes. Mais malgré tout, pour moi, c’est de la pression supplémentaire. Je sais qu’il faut se remobiliser, élever notre niveau. La preuve, la longue vidéo de ce matin n’était que sur nous. On en fera une autre ce soir et peut-être demain sur l’Allemagne. Si on était bien dans nos baskets, probablement qu’on aurait pas fait cette vidéo ce matin. Ca montre qu’on est effectivement en alerte.

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Qu’avez-vous dit aux joueurs pour qu’ils soient meilleurs demain?

C’est évident qu’il faut que l’on soit meilleurs pour passer ce huitième de finale. Il faut que ces deux derniers matches nous servent de prise de conscience, de remise en question. Une remise en question individuelle mais qui se fasse dans le collectif. C’est important que chacun élève son niveau mais au service de l’équipe. Il ne faut surtout pas que quelques uns puissent penser que leur simple réaction individuelle puisse suffire pour nous permettre de gagner demain. Il faut faire les choses ensemble de façon très simple. C’est d’abord en défense que cette action doit s’opérer même si en attaque on a besoin de mieux faire vivre la balle, d’être plus rigoureux dans notre façon d’attaquer. Le dernier match en est l’exemple parfait. On ne jouait pas très bien au début en attaque mais on a beaucoup marqué et il y avait 22 à 20 à la huitième minute, mais on était déjà en difficulté dans le domaine défensif. Et ça on ne pourra pas se le permettre dans un match couperet. On sait que nos adversaires vont eux-aussi élever leur niveau défensif. Toutes les équipes le font dans ces matches-là. Il y a une progression très très importante à réaliser car ce que l’on a montré dans ce secteur là depuis le début, c’est faible.

L’équipe de France a pris la mauvaise habitude de très mal démarrer ses matches. Un changement dans le cinq de départ peut-il être un déclic ?

C’est notre débat entre coaches depuis deux jours. On hésite. Maintenant, c’est tellement un problème collectif que stigmatiser l’un ou l’autre c’est aussi difficile à faire. L’effort défensif que l’on doit consentir est à partager et en particulier en ce qui concerne le cinq majeur. Ils le savent, aussi c’est plus cette réaction que l’on doit avoir que le simple fait de changer le cinq. Ce que l’on se dit qui ne va pas dans le sens de changer le cinq, c’est que de toutes façons, il faudra bien que ces joueurs fassent cet effort-là car on aura besoin d’eux pour gagner. On ne va pas gagner simplement avec nos remplaçants. C’est plus la prise de conscience et la réaction globale qui va importer plus que le changement de cinq. Par contre, si je ne le change pas -pour l’instant je n’ai pas encore trancher-, peut-être être plus réactif par rapport aux mauvais comportements défensifs. Sans se référer à l’évolution du score. Contre la Slovénie, au début, il n’y avait pas de soucis au score, par contre quand on menait 13 à 10, on avait déjà pris trois paniers ennuyeux alors que nous, on avait marqué des paniers de basket parfois difficiles mais sans qu’il y ait d’erreurs défensives de leur part. Alors que nous, sur les 10 points inscrits, il y avait déjà 6 points de cadeau. C’est ça que l’on va essayer de beaucoup plus observer.

Et s’il y a des changements dans le cinq de départ, ça serait intérieur ou extérieur?

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Photo : Axel Toupane (FIBA Europe)

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