Walter Herrmann fut champion olympique avec l’Argentine, à Athènes, en 2004. Quelques mois avant ce moment d’immense bonheur, sa vie fut pourtant brisée par le décès de plusieurs de ses proches.
[arm_restrict_content plan= »registered, » type= »show »]Walter Herrmann Heinrich, ce sont des origines allemandes, des cheveux longs et blonds retenus par un bandeau, 2,03m, une mâchoire et des épaules carrées, 53 de pointure de chaussures, un joueur physique, athlétique, spectaculaire, des mains immenses qui lui permettaient de tenir le ballon de basket comme une balle de tennis, et l’originalité d’un « strip tease dunk » réalisé lors du All-Star Game 2003 de l’ACB. Un profil de joueur dont vous vous souvenez toute votre vie.
En 2003, justement, alors âgé de 24 ans, l’Argentin était considéré comme l’un des plus grands espoirs de son pays. Dès sa première saison en ACB, à Fuenlabrada, il fut élu MVP de la ligue, et émigra à Unicaja Malaga. Son succès espagnol convainquit le coach de l’Albiceleste, Ruben Magnano, de le pré-sélecionner dans son équipe en perspective des Jeux Olympiques d’Athènes. Il était incroyablement difficile de percer dans une équipe d’Argentine qui, en 2002, avait remporté l’argent à la Coupe du monde à Indianapolis. D’ailleurs, seuls Herrmann et Carlos Delfino parvinrent alors à s’y infiltrer.
Un terrible accident
C’est le 19 juillet 2003, alors qu’il est accaparé par un stage de l’équipe nationale que Walter apprend la terrible nouvelle : sa mère, sa sœur cadette Barbara et sa fiancée Maria, une championne d’Amérique du Sud en natation, se sont tuées dans une collision frontale avec un autre véhicule, sur une autoroute de la province de Cordoba, qui a causé sept morts au total. « Je savais qu’elles allaient rendre visite à la famille de ma fiancée. Ce jour-là, j’ai fait une sieste et je me suis réveillé à 18 heures, après quoi j’ai décidé d’appeler ma fiancée sur son téléphone fixe. Puis j’ai appris la nouvelle. Mais ils ne m’ont parlé que de sa mort, et ils ont gardé le silence sur le reste. Je ne pouvais pas respirer, j’ai tout cassé dans la chambre d’hôtel », s’est souvenu plus tard le joueur. « J’ai atterri à Buenos Aires et j’ai rencontré ma sœur aînée à deux heures du matin. Nous avons parcouru 200 kilomètres jusqu’au village où vivait la famille de ma fiancée. Pendant plusieurs heures, je me suis simplement tenu près des corps et j’ai pleuré sur elles. Tout s’est passé si vite… C’était une journée folle, je ne comprenais toujours pas ce qui s’était réellement passé. Ils ont dit que quelqu’un s’était endormi au volant. Je n’avais aucune explication sur ce qui s’est passé. »
Alors qu’il était au Zénith de sa carrière, Walter Herrmann envisagea de tout laisser tomber. Son père et sa sœur, qui déménagea avec lui en Espagne, l’ont convaincu de noyer son chagrin dans le basket. Ses équipiers l’ont bien entouré. « La première année a été très difficile. Chaque fois que j’allais sur le terrain, les gens m’exprimaient leurs condoléances et me rappelaient encore une fois ce qui s’était passé. Mais le basket m’a vraiment beaucoup aidé. Quand votre tête est occupée, vous arrêtez de penser à de telles choses. J’étais incroyablement en colère pendant trois mois, puis j’ai commencé à mettre de l’ordre dans mes pensées ». Walter Herrmann a de nouveau performer et Ruben Magnano a continué à lui accorder sa confiance.
Un mois avant les Jeux d’Athènes, il a été inclus avec Carlos Delfino et Leo Gutierrez dans l’équipe nationale de réserve et il a cartonné au Championnat d’Amérique du Sud. Avec une moyenne de 22,5 points par match, il fut le meilleur marqueur de l’équipe nationale, notamment lors de la finale contre le Brésil, qui a eu lieu le 18 juillet, la veille de l’anniversaire de la mort des trois femmes. « La veille du match, je n’arrivais toujours pas à dormir. Mais après minuit, j’ai soudainement senti que le jour à venir serait spécial pour moi. Il semblait que ma famille m’aidait. »
Lors du match décisif, l’Argentin a marqué 37 points et pris 11 rebonds. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas été si heureux. Son père s’était réjoui avec lui au téléphone. Le lendemain matin, Walter a été réveillé par un appel téléphonique. On lui a annoncé que son père était décédé d’une soudaine crise cardiaque. Sa mort est survenue le 19 juillet 2004, le jour anniversaire du terrible accident. « Je devais aller à Venado, quitter à nouveau l’équipe nationale, alors j’ai parlé au frère de mon père, Adolfo, qui vit à Mar del Plata, et je lui ai dit : « Que dois-je faire, dois-je aller à l’enterrement ou continuer avec l’équipe nationale ? Je dois te le demander car nous n’avons plus de membres de la famille, c’est vous, ma sœur et l’oncle Miguel qui êtes à Salta, et il n’y a plus personne d’autre. Et mon oncle me dit : « Ne viens pas, Walter, tu n’arrangeras rien. Continue avec l’équipe nationale, je m’en occupe, reste calme ». Quand nous sommes allés jouer le premier match amical, ils ont voulu faire une minute de silence et j’ai dit non, parce que plus vous y mettez de choses, pire c’est. Le match a commencé normalement, j’ai continué à faire la pré-saison avec l’équipe nationale, nous sommes allés aux Jeux olympiques et nous sommes revenus avec la médaille. »
Une médaille en or. En demi-finale contre les Etats-Unis qui venaient de battre l’Espagne, Herrmann est sorti du banc et a inscrit 11 points importants tout en gobant quatre rebonds pour une victoire 89-81 de l’Argentine. Ses partenaires l’ont félicité à la fois pour son niveau de jeu et sa résilience. « Il mérite une place dans l’équipe. Il a gagné un grand respect de notre part », a complimenté Manu Ginobili.
Par la suite, Walter Herrmann a été champion d’Espagne avec Unicaja Malaga, avant de signer un contrat d’un an d’une valeur de 1,8 million de dollars avec les Charlotte Bobcats. Son rendement a été très bon (9,2 points et 2,9 rebonds), ce qui lui a permis d’être sélectionné dans la NBA All-Rookie Second Team et de se voir offrir deux autres années à Charlotte et Detroit avec des statistiques inférieures. Il est retourné alors en Espagne avant de finir son parcours de joueur dans son pays.
Le Comte Herrmann
Aujourd’hui, Walter a trois enfants dont une fille qui porte le prénom de sa sœur décédée dans l’accident de voiture. Il a rencontré sa femme Elena, médecin, quand il jouait à Malaga. Il a obtenu un diplôme d’entraîneur en Espagne où il vit. « Quand tu es gamin, tu rêves de vivre du basket, quand tu termines une carrière comme celle que j’ai faite, il n’y a plus qu’à être fier. J’ai vécu 80% de ma vie avec un ballon de basket. » Quand vous lui parlez de son passage aux Etats-Unis, il est comme un gosse : « L’expérience en NBA a été fantastique. J’ai eu l’occasion de rencontrer Michael Jordan. C’était impressionnant, une expérience gigantesque. » Parlez-lui aussi de sa médaille d’or olympique et ses yeux s’écarquillent : « Je l’ai stocké dans le coffre-fort de la banque et ce n’est pas tant à cause de sa valeur économique, mais parce que c’est quelque chose que j’aimerais exposer dans une vitrine, mais j’ai peur qu’un jour elle soit volée et c’est le trophée le plus précieux que j’ai eu en tant qu’athlète. Imaginez qu’il n’y en a que douze dans l’histoire du basket argentin, alors ça a cette valeur. Vous voyez cette médaille et tous les souvenirs vous viennent à l’esprit. Vous pouvez avoir mille trophées, mais ça… tous ceux qui la voient sont fascinés. »
Sur les réseaux sociaux, Walter Herrmann a choisi de se faire appeler Comte Herrmann, en référence au roman d’Alexandre Dumas, Le Comte de Monte-Cristo, où le protagoniste est injustement emprisonné pendant sept ans, mais revient de l’ombre pour se venger. Walter est un homme qui surmonte la douleur et cherche la rédemption. « Lorsqu’un malheur comme celui-ci vous arrive, vous n’avez pas beaucoup d’options. C’est s’accepter, laisser passer le temps, on s’améliore et on s’habitue à vivre avec ce qui s’est passé. Tout le monde me dit « parce que tu es à moitié fou dans la tête », mais ma soeur c’est pareil. Il y a beaucoup de gens à qui quelque chose comme ça leur arrive et qui voient tout en noir, on a passé un très mauvais moment au début, parce que c’est normal, un tel coup de bâton, mais après on s’habitue à vivre avec ces absences. Cela a coûté cher, évidemment. Plus d’une fois, j’ai été appelé pour conseiller quelqu’un qui a vécu quelque chose comme ça, mais je ne le fais jamais parce que c’est quelque chose de très personnel. »
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Walter Herrmann Heinrich, ce sont des origines allemandes, des cheveux longs et blonds retenus par un bandeau, 2,03m, une mâchoire et des épaules carrées, 53 de pointure de chaussures, un joueur physique, athlétique, spectaculaire, des mains immenses qui lui permettaient de tenir le ballon de basket comme une balle de tennis, et l’originalité d’un « strip tease dunk » réalisé lors du All-Star Game 2003 de l’ACB. Un profil de joueur dont vous vous souvenez toute votre vie.
En 2003, justement, alors âge de 24 ans, l’Argentin était considéré comme l’un des plus grands espoirs de son pays. Dès sa première saison en ACB, à Fuenlabrada, il fut élu MVP de la ligue, et émigra à Unicaja Malaga. Son succès espagnol convainquit le coach de l’Albiceleste, Ruben Magnano, de le pré-sélecionner dans son équipe en perspective des Jeux Olympiques d’Athènes. Il était incroyablement difficile de percer dans une équipe d’Argentine qui, en 2002, avait remporté l’argent à la Coupe du monde à Indianapolis. D’ailleurs, seuls Herrmann et Carlos Delfino parvinrent alors à s’y infiltrer.
Un terrible accident
C’est le 19 juillet 2003, alors qu’il est accaparé
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Photos : FIBA